La chambre des fleurs
Marika Bührmann
Sur une invitation de Céline Ménager,
Marika Bührmann, artiste-enseignante à TALM-Angers, expose son travail de dessin au sein de la bibliothèque en changeant sa sélection une fois par semaine.
J'ai choisi l'art comme moyen d'expression de toutes les formes de libertés pour sortir et dépasser l'enfermement de conditionnements familiaux et pour honorer la force de la vie qui vibre en moi.
Je me suis engagée très jeune, corps-âme-esprit, dans une œuvre de performance et de micro événements pour continuer l’œuvre de mes ancêtres artistes au féminin. Cette quête, brûlante, a qui a été vécu jusqu'à l'épuisement, a reçu la reconnaissance de mes pairs au niveau national dans les années 2000 avant de donner naissance à une « pratique » diffusée aujourd'hui avec discrétion et humilité.
Puis s'ouvre une période vraiment nécessaire d'introspection qui va s'incarner comme une longue « retraite ». C'est au cœur de ce temps de ma vie artistique suspendue que je vais rencontrer la nécessité étrange de me ré ancrer aussi artistiquement dans une mémoire : celles de mes ancêtres spirituels et c'est ainsi que j'ai découvert et que je me suis laissée traversée, travaillée, « retournée » intérieurement par L'Enluminure, art sacré monastique. Au cœur de cette nouvelle étape sans concession, j'ai fait l'expérience d'une forme de renaissance de l'artiste d'abord au plus profond de moi-même ; moins dépendante du regard extérieur du milieu professionnel dans lequel s'incarne ma pratique, arrimée à quelque chose au fond de moi, de peut-être plus serein, attentif et apaisé ; libre d'une contingence du temps ou plutôt riche de savourer l'expérience d'un Autre temps...
Je suis étonnée de découvrir cette production nouvelle dont l'esthétique me dépasse et m'émerveille comme si mon regard redevenait d'enfance. Et j'aime imaginer que ces formes issues de l'observation de différents gestes dédicacés à l'expérience des femmes, puissent renfermer quelques « pouvoirs magiques » car elles apparaissent littéralement en moi-même aujourd'hui à la façon d'un geste performatif. Elles surgissent et s'imposent. Elles « apparaissent » et se livrent pour inviter celle, celui qui les regarde à un échange subtil et audacieux. Dévoilement réciproque.
Je suis heureuse que la bibliothèque puisse devenir, quelques semaines, l'écrin de quelques propositions en mouvement que j'aimerais partager avec vous, tout en légèreté, dans l'élan d'une intuition commune née de la rencontre avec la générosité de notre hôtesse, Céline...
Les cœurs, les corps et les regards OUVERTS, je nous souhaite une belle rencontre !
Marika Bührmann