Tester le développement argentique avec des plantes
David Kidman, professeur à TALM-Tours a proposé aux élèves des sites du Mans et de Tours de s'initier au développement de photos argentiques à partir de plantes dans le cadre du workshop "Pourquoi la nature n'est pas naturelle ?".
C'est une expérience en plusieurs étapes à laquelle se sont livré·es les élèves en DNSEP Art et MAGMA du Mans et les élèves en DNSEP Art de Tours. Pour commencer, ils·elles se sont rendu·es dans la commune du Lude (72) avec deux objectifs : photographier le paysage et cueillir des plantes sauvages.
La nature n'est pas naturelle
En témoins et observateurs des effets de l'activité humaine sur la nature et ses paysages, les élèves se sont posé·es une question : comment représenter cette dernière en photographie ?
Comme le rappelle David Kidman :
La nature est un sujet qui trompe à première vue : plus rien n'est naturel en France à part quelques hectares isolés ici ou là. L'empreinte de l'homme est partout. Les variétés de plantes, leurs implantations, la forme des collines et des cours d'eau : tout a été agencé depuis des siècles et les variétés importées sont tellement répandues qu'on a du mal à les dissocier de celles qui sont endémiques.
Cette réalité compromet d'office la représentation des paysages "naturels" et de la "nature" pour le·la photographe.
Cadrer avec le réel
Les élèves ont ainsi dû prendre en compte les difficultés conceptuelles que posent les éléments du paysage et ainsi adapter leur propre protocole de prise de vue : faut-il privilégier des gros plans, des plans d'ensemble indicatifs de la marque de l'homme ou bien des plans qui adhèrent aux canons esthétiques bucoliques pour ensuite les détourner ?
Pour cet exercice, ils·elles étaient équipé·es d'appareils argentiques avec des pellicules noires et blanches, en 6x6 ou en 24/36.
Cueillette sauvage
Un œil dans l'objectif, l'autre rivé au sol : les élèves avaient aussi pour mission de récolter des feuillages et des fruits de "mauvaises herbes". Parmi les essences cueillies, beaucoup d'ortie (pressentie comme meilleure candidate pour le révélateur), de la menthe vanillée, du laurier, de la patience à feuille obtuse, des églantiers, mûres et pyrocanthas (buissons ardents), etc.
Ensuite, direction le laboratoire de photographie argentique de TALM-Le Mans pour effectuer des tests de développement.
Silence, ça pousse !
Ou plutôt ça révèle. Plongé dans le noir pour certaines manipulations, le laboratoire s'est transformé en véritable atelier d'expérimentations... scientifiques.
Découpés, les échantillons de plantes ont été plongés au bain marie à des températures constantes entre 25 et 45°C) pour obtenir le liquide révélateur. Deux pellicules test divisées en tranches y ont été plongées. À chaque étape et entre deux manipulations, les élèves ont noté scrupuleusement les informations de la recette expérimentée (quantité d'eau, poids et quantité de plante, température, durée, substances complémentaires etc.)produisant le liquide révélateur le plus optimal.
Ensuite, la magie de la chimie naturelle a opéré.