Pratiques situées - Bastien Cosson
Séminaire Art/Pratiques Située - séance 5
Pour sa cinquième rencontre, le séminaire Arts/Pratiques Situées reçoit Bastien Cosson, artiste et co-fondateur de Palette Terre.
Palette Terre est fondée en janvier 2014 par Bastien Cosson et Elsa Oliarj-Ines, dans une pièce de leur appartement parisien orientée plein sud.
Depuis 7 ans, ils ont organisé dans cet espace une soixantaine d’expositions et plusieurs projets annexes à travers l’Europe. Se tenant en marge du marché, Palette Terre a pu garder une totale liberté éditoriale, faisant le choix de montrer essentiellement de la peinture, à travers des invitations d’artistes français·e·s et étranger·e·s.
Pour le peintre, la création de ce lieu est d’abord apparue comme une nécessité afin de mieux penser, nourrir, prolonger, et maintenir sa pratique de la peinture – « privilège fragile, exaltant, exténuant ».
À travers cet entretien, Bastien Cosson nous parlera de la genèse, la gestion, et le futur de Palette Terre, ainsi que des liens étroits qu’elle entretient avec ses peintures.
Le séminaire Art/Pratiques Situées
En invitant des acteurs du champ de l’art sans exclure le design sous forme de conférences ou d’entretiens, le séminaire de réflexion partagé Arts/Pratiques situées alimente cette réflexion sur les moyens et outils de l’artiste. Il s’agit aussi de nourrir une forme d’engagement des enseignements de toutes disciplines au sein de l’école à l’expérience de cette nécessité de construire des situations : c’est-à-dire de développer avec tous les outils possibles l’attention critique et la responsabilité des créateurs et artistes dans leur geste et leur pensée, de l’inscription physique de l’œuvre dans l’espace vécu comme plus largement de leur inscription sociale et politique.
Depuis son ouverture en octobre 2020, le séminaire a reçu Céline Poulin, directrice du CRAC Brétigny, autour de ses recherches sur la co-création, Audrey Illouz, commissaire de l’exposition L’image située, l’artiste Ludovic Burel pour le croisement de pratiques (arts, design, édition, curating, écriture) qui constituent la sienne, Nelson Pernico, pour sa double qualité d’artiste et de co-fondateur et président du Wonder.
Pratiques Situées - la genèse
Héritée de préoccupations énoncées et développées dans le champs des sciences « dures » (biologie puis sciences cognitives), la notion de « savoirs situés » signale le renouvellement des pratiques de la recherche scientifique par la réflexion de chercheuses amenées à reconsidérer les impensés méthodologiques issus de la domination masculine. Elles permettent l’éveil d’une conscience méthodologique de la multiplicité des points de vue vis-à-vis des objets de la connaissance. La nécessité de prendre en compte son propre point de vue par le chercheur s’impose comme une condition de toutes formes de savoir contemporaines et de leurs croisements.
Les sciences humaines et sociales n’ont pas de mal à se reconnaître dans cette formule, qui fait écho à la réflexivité méthodologique des anthropologues, des sociologues. Les champs de l’art et du design s’y sont aussi facilement reconnu : comme articulant savoirs multiples et production de formes, ils relèvent plus largement de pratiques situées. L’affirmation du point de vue de l’artiste est en droit —et sans doute même en devoir— de se nourrir et de nourrir les autres champs de la pensée, dans tous les domaines de savoirs durs comme d’usages vernaculaires.
La préoccupation du contexte —physique, sensible, symbolique— marque les pratiques contemporaines, explicitement avec la pensée de l’in situ dans la sculpture, les pratiques de la performance, les pratiques immersives comme environnementales. La pensée de l’œuvre comme appartenant à une situation consciente et inscrite sur une multiplicité de plans de significations mérite d’être construite, en particulier au sein dune école d’art et de design, au-delà d’une épistémè vaguement naturaliste de l’art, et de faire l’objet d’un travail de réflexion collectif.