Séminaire Arts/Pratiques situées n°6 - Paul Ardenne
Art contextuel et art écologique, entre autres formes de l’art dit « direct »
Pour sa deuxième saison, le séminaire de réflexion Arts/Pratiques situées du DNSEP Art à TALM-Le Mans invite l'écrivain et historien de l'art Paul Ardenne le mardi 28 septembre à 14 heures dans l'amphithéâtre de l'école.
Art contextuel et art écologique, entre autres formes de l’art dit « direct ».
Cette rencontre avec Paul Ardenne est l’occasion de revenir sur la création dite « en contexte réel ». Celle-ci, née avec les années 1960 et la contre-culture, voit l’artiste sortir de l’atelier et adapter sa création à une situation sociétale ou événementielle spécifique. En dérivent l’art d’intervention, l’art participatif, l’art d’esprit « care », l’art direct de provocation, le perturbationnisme… La création plasticienne mobilisée par les questions environnementales (l’«éco-art », l’« anthropocèn’art »), volontiers, se rallie à ce type d’approche générique. Son option : ne plus donner des images du monde mais créer dans le vif même du sujet, la nature même, dans l’esprit fréquemment de la remédiation.
Paul Ardenne
Paul Ardenne est écrivain et historien de l’art. Il collabore à diverses revues culturelles (Art press, Archistorm, INTER-art actuel, Ictus…) et est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’art, la culture et l’architecture d’aujourd’hui (Heureux, les créateurs ?, Un art écologique, Architecture : le boost et le frein…).
Le séminaire Art/Pratiques Situées
En invitant des acteurs du champ de l’art sans exclure le design sous forme de conférences ou d’entretiens, le séminaire de réflexion partagé Arts/Pratiques situées alimente cette réflexion sur les moyens et outils de l’artiste. Il s’agit aussi de nourrir une forme d’engagement des enseignements de toutes disciplines au sein de l’école à l’expérience de cette nécessité de construire des situations : c’est-à-dire de développer avec tous les outils possibles l’attention critique et la responsabilité des créateurs et artistes dans leur geste et leur pensée, de l’inscription physique de l’œuvre dans l’espace vécu comme plus largement de leur inscription sociale et politique.
Depuis son ouverture en octobre 2020, le séminaire a reçu Céline Poulin, directrice du CRAC Brétigny, autour de ses recherches sur la co-création, Audrey Illouz, commissaire de l’exposition L’image située, l’artiste Ludovic Burel pour le croisement de pratiques (arts, design, édition, curating, écriture) qui constituent la sienne.
Pratiques Situées - la genèse
Héritée de préoccupations énoncées et développées dans le champs des sciences « dures » (biologie puis sciences cognitives), la notion de « savoirs situés » signale le renouvellement des pratiques de la recherche scientifique par la réflexion de chercheuses amenées à reconsidérer les impensés méthodologiques issus de la domination masculine. Elles permettent l’éveil d’une conscience méthodologique de la multiplicité des points de vue vis-à-vis des objets de la connaissance. La nécessité de prendre en compte son propre point de vue par le chercheur s’impose comme une condition de toutes formes de savoir contemporaines et de leurs croisements.
Les sciences humaines et sociales n’ont pas de mal à se reconnaître dans cette formule, qui fait écho à la réflexivité méthodologique des anthropologues, des sociologues. Les champs de l’art et du design s’y sont aussi facilement reconnu : comme articulant savoirs multiples et production de formes, ils relèvent plus largement de pratiques situées. L’affirmation du point de vue de l’artiste est en droit —et sans doute même en devoir— de se nourrir et de nourrir les autres champs de la pensée, dans tous les domaines de savoirs durs comme d’usages vernaculaires.
La préoccupation du contexte —physique, sensible, symbolique— marque les pratiques contemporaines, explicitement avec la pensée de l’in situ dans la sculpture, les pratiques de la performance, les pratiques immersives comme environnementales. La pensée de l’œuvre comme appartenant à une situation consciente et inscrite sur une multiplicité de plans de significations mérite d’être construite, en particulier au sein dune école d’art et de design, au-delà d’une épistémè vaguement naturaliste de l’art, et de faire l’objet d’un travail de réflexion collectif.