Admise avec les félicitations

Maëlle Bléteau commence toujours ses recherches dans l’absence. Par le vacillement entre invisible et visible, la dichotomie entre le réel et l’imaginaire, se dessine un espace latent, devenant un territoire dans lequel elle joue, avec la force d’évocation des histoires qu’elle se construit sur la ruine de celles qui ont croisé son chemin. De cette collecte d’informations et de matière, émerge un procédé photographique qui devient alors un langage cherchant à traduire cet entre-deux fugace, immatériel.
C’est par ce processus que Maëlle Bléteau propose trois histoires : celle de toute la vie d’un homme sur plus de cinq décennies, dans cinq valises de cartons, puis, l’invisible mal qui ronge les habitants d’un petit village des Pays de la Loire et enfin, le clap de fin pour la verrue de l’Atlantique dont la mer est venue chatouiller l’ossature. Toutes reliées en un point de convergence. Celui d’une vague qui avancerait trop rapidement et emporterait tous les souvenirs d’une vie avec elle. Elle effacerait les visages sur le papier photographique. Dans sa grande traversée, on la verrait annonciatrice d’une vie sur le point de s’arrêter à la surface d’un écran. Elle terminerait sa course sur la côte, là où elle viendrait éroder les bords, menaçant de faire effondrer tous les souvenirs d’une vie, en avalant les murs renfermant l’intimité amnésique des uns et des autres.
Pourtant on reviendrait inlassablement vers cette vague.