Charlotte Tournhilac
TALM-Tours, 2024
DNSEP Conservation-restauration des biens culturels spécialité Œuvres sculptées
Admise avec les félicitations
Étude et restauration d’un souvenir en cheveux, 1830-1920 (?), bois peint et doré, verre, cheveux, papier, métal, textile, végétaux, carton-pierre, Nantes, Musée d’histoire de Nantes – Château des ducs de Bretagne, inv. 2022.3.1
Conservatrice responsable : Anne Bouillé, responsable du service de la Conservation, Musée d’histoire de Nantes – Château des ducs de Bretagne.
L’œuvre créée par la parfumerie Milliat au XIXe siècle, qui a pu être élaborée en plusieurs étapes par plusieurs personnes, est d’une singularité exceptionnelle. Elle transcende les normes artistiques conventionnelles en exploitant avec audace le potentiel plastique du cheveu, matériau organique et humain. Figurant un cortège funéraire dans un cimetière, elle s’inscrit dans la tradition des « souvenirs en cheveux », se distinguant par deux caractéristiques atypiques : des dimensions exceptionnelles pour ce type d’ouvrages et la présence d’un mécanisme agissant sur l’horloge, le moulin à vent et les deux processions de personnages. Ainsi, tout en présentant une nette dimension narrative dans sa composition, elle comporte un mouvement mécanique unique qui participe de la nature de l’œuvre.
L’œuvre présentait un état de dégradation avancé de sa structure et de sa surface. La complexité et la variété des matériaux, tous très délicats et fragiles (cheveux, végétaux, etc.), présentent des propriétés différentes et nécessitent des interventions adaptées. La présence d’arsenic et de mercure a ajouté à la difficulté du travail. Une démarche méthodique et vigilante, notamment celles relatives aux précautions sanitaires, s’est avérée indispensable pour préserver l’intégrité de l’œuvre tout en garantissant la sécurité des intervenants, ralentissant considérablement la conservation-restauration.
Les traitements ont donc été conduits avec une extrême prudence. Dans le cadre des contraintes temporelles imposées par le mémoire, seuls les traitements curatifs ont été entrepris dans le but ultime de restituer au musée une œuvre stabilisée et décontaminée le plus possible. Cette démarche a compris, entre autres, un dépoussiérage minutieux à l’aide d’un micro-aspirateur dans une cabine de protection spécialement aménagée. Les techniques de nettoyage ont été effectuées avec un usage modéré de l’eau, tandis que le réassemblage des éléments dispersés à travers la scène a exigé un choix méticuleux d’adhésifs appropriés. Chaque étape de la conservation-restauration a été accompagnée d’un travail documentaire approfondi, mettant en lumière l’importance historique et ethnographique d’une pièce exceptionnelle.
Jury DNSEP CRBC 2024 : Marie-Hélène Didier, Présidente du jury (Conservatrice générale du patrimoine, Conservatrice des monuments historiques, Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Île-de-France) ; Lionel Arsac (Conservateur du patrimoine, Département des sculptures et Conservation préventive des collections, Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles) ; Mathilde Tiennot (Post-doctorante, Centre de recherche sur la conservation des collections (CRC)) ; Pascale Roumegoux (Conservatrice-restauratrice de sculptures) ; Julia Becker (Conservatrice-restauratrice et professeure à TALM-Tours)