Denzel Dinane
TALM-Angers, 2025
DNSEP Art
Félicitations
Pour mon diplôme, j’ai voulu raconter une histoire. Pas une fiction, mais quelque chose de profondément réel : la relation que j’ai tissée avec mon ami rappeur, depuis notre rencontre jusqu’à aujourd’hui. J’ai reconstitué cette histoire sous la forme d’une scénette, pensée comme un espace sensible entre performance, installation et témoignage. Au centre, un banc — un vrai banc de la ville, chargé de souvenirs – et une enceinte qui diffuse des compositions instrumentales préalablement choisies. Je m’assois, je lis des textes à voix haute, directement depuis mon téléphone : des slams, des extraits de mon mémoire, des morceaux de notre vécu. Je raconte comment on s’est rencontrés, ce qu’on a traversé, ce qu’on s’est dit. Par moments, c’est lui qui prend le relais, dans des enregistrements où il rappe ses propres sons. On se répond à distance, on cohabite dans ce moment suspendu.
La scénographie joue sur l’émotion brute. Mon corps exposé, mes gestes lents, l’intimité du dispositif – tout cela crée une atmosphère vulnérable, presque fragile. Pas parce que c’était triste, mais parce que c’était vrai. Autour de cette scène, des vidéoprojections prolongent le récit. Dans l’une, je filme mon ami en plan fixe, au ralenti, face caméra. Il y parle de sa pratique artistique, de ses influences. Dans une autre, j’ai construit un diaporama de pochettes d’albums. Ce qui m’intéresse ici, c’est de détourner notre regard : au lieu de mettre l’artiste au centre, j’inscris en rouge, au coeur de chaque visuel, le nom du designer ou du graphiste qui l’a créé. Comme un tampon, une signature revendiquée. Je rends visible ce qu’on oublie trop souvent : celles et ceux qui construisent l’image, mais restent dans l’ombre.
Ce diplôme, c’est un geste d’amour et de reconnaissance. Pour mon ami, mon pote, mon frère, pour une culture, pour des formes de création souvent invisibilisées. C’est un espace où la voix, l’image et la mémoire dialoguent à parts égales. Un moment où je me suis mis en scène non pas pour me montrer, mais pour faire entendre quelque chose de plus grand que moi.
Jury DNSEP Art 2025 : présidé par Noëlle Pujol (artiste et cinéaste), Carla Adra (artiste), Grichka Commaret (artiste), Lou Forster (docteur, commissaire d’exposition, historien de l’art et dramaturge), Ana Mendoza (curatrice, critique d’art et poète) et Géraldine Gourbe (philosophe, critique et commissaire d’art et enseignante à TALM-Angers).