Atelier-rencontre _ Rue sur vitrine
Marika Bührmann
TALM-Angers accueille Marika Bührmann, diplômée de l'École supérieure des beaux-arts Nantes-Saint-Nazaire. Elle occupera Rue sur vitrine du 20 août au 30 septembre et proposera trois temps d'ouverture. Le 12 septembre à partir de 18 h 30, elle présentera son travail et sa démarche artistique. Puis les 19 et 27 septembre, elle vous invite à découvrir Veilles, performances.
Rue sur vitrine
Gérée depuis 2016 par l’École supérieure d’art et de design TALM-Angers, Rue sur vitrine est un lieu qui n’est pas une galerie d’art, mais un laboratoire pour les arts. Les élèves accompagné.e.s par leurs professeur.e.es, les élèves diplômé.e.s de l’école, les jeunes artistes et les partenaires viennent y expérimenter un projet, sans obligation de résultat. Il peut s’agir d’y conduire une simple expérience sensitive, d’y rapporter une expérience ou d’y mener des workshops, des expositions, des temps d’atelier pour y préparer une exposition, etc.
Marika Bührmann
Depuis les années 90 et son diplôme à l'École supérieure des Beaux-Arts de Nantes, elle développe une recherche sur le mouvement, ancrée dans l'histoire de la Performance et du Happening.
La thématique qui anime cette quête est la peau comme interface entre intérieur et extérieur, expérience sensible de reconnaissance de soi et de l'autre... Sa production artistique, comme le définira très subtilement l'historien de l'art corporel Larys Frogier, commence par la création d'objets interfaces (petites sculptures de bandes plâtrées épousant le corps, robes-empreintes de ouate, de feutrine blanche talquée, de feuilles de paraffine, de cire vierge, de caramel liquide, de voiles... ), supports de tentatives de contact entre elle-même et le spectateur qui est subtilement invité à devenir « acteur ». Cette posture artistique s'inscrit dans la filiation des femmes artistes des années 70, notamment Lygia Clark, Gina Pane...
Son parcours sera alors ponctué de nombreuses résidences, financées par La Ville de Paris et par l'AFAA, de riches collaborations avec la galerie Alain Gutharc et le couturier Christian Lacroix, d'expériences multiples en France et à l'étranger, d'une monographie aux éditions Filigranes. Elle aura la chance d'être invitée à intervenir pour développer ce qu'elle appelle alors, en référence à John Cage, des Events (micro événements) en interaction avec le public de scènes artistiques de l'art contemporain comme le Musée d'Art Moderne de La Ville de Paris, le centre Pompidou et la Galerie Yvon Lambert...
S'ouvre alors devant elle le temps de la « retraite » pour la nécessité d'une prise de recul, et pour affiner et densifier mon geste...
Extrait d'un texte issu de carnets intérieurs, intitulé Secrets
« J'ai découvert un mode singulier d'être au monde qui s'est déployé à travers un désir toujours plus vif d'expérimenter, de tester, de mélanger pour élaborer dans ma « cuisine », mes recettes propres, "mixtures"...
Me laisser conduire sur la voie de la création que j'ose vivre comme une "alchimie".
J'ai eu la chance de recevoir un savoir-faire de la part de Maîtres Enlumineurs avec qui j'ai adoré voyager au cœur de la mémoire et de l'histoire de notre patrimoine. Occasion d'enracinement et de rencontre avec la rigueur de cet artisanat ; mais surtout, l'initiation, pour l'être que je suis, de retrouver la présence des gestes du co-créateur qu'est l'artiste incarné en son temps...
À Angers, j'ai fait une rencontre vraiment particulière, très sensible, toute en subtilité, avec les fleurs, avec le règne végétal...
Je travaille, comme je vis intérieurement : spontanément, librement, en fluidité, avec mon cœur, mes entrailles, tout mon corps : du choix du papier comme un linge soigné, de l'effleurement avec le bout des doigts, à la couture, petits poinçons, saupoudrage, au travail très minutieux et infiniment léger avec mon propre souffle... Et je vis ma pratique telle une reconquête de chaque instant pour veiller à orienter mon désir et l’incarnation de mes actes vers toujours davantage de vie grâce à des luttes intérieures et extérieures profondes.
Je cherche ici à créer une expérience de la peinture qui soit une rencontre intérieure, intime avec la personne qui l'envisage. Je désire susciter chez elle, ce que l'écrivain Nathalie Sarraute appelle un "tropisme" (quelque chose en nous qui se dérobe et nous échappe et qui pourtant, nous fonde) pour convoquer, chez elle, un souvenir très très subtil, mêlé du désir de sentir plus profondément, intensément, avec finesse... Tout en légèreté...».