Soutenances DNSEP Conservation-restauration des biens culturels
L’équipe pédagogique et les élèves de la mention Conservation-restauration des biens culturels spécialité Œuvres sculptées de l’École supérieure d’art et de design TALM-Tours vous convient aux soutenances du Diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP), valant grade de master.
Les mémoires de fin d'étude seront soutenues le jeudi 26 novembre 2020 à partir de 10 h. Les soutenances seront retransmises en direct sur Youtube, en cliquant ici.
Le programme
10 h 30 – Hortense Jouanjus
Étude et restauration de la Vierge de Pitié, groupe sculpté en tuffeau, restes de polychromie, XVIe siècle, Noizay, église Saint-Priest.
Inscrite au titre des Monuments Historiques le 30 mai 1990.
La plus ancienne localisation connue de la Vierge de Pitié est une chapelle troglodytique d’une demeure seigneuriale du coteau de la Rochère, à Noizay (37). Datée du XVIe siècle, elle a été donnée en 1943 à l’église Saint-Prix de Noizay et placée depuis dans la chapelle de la Vierge. L’étude historique et technique a permis de retracer son histoire matérielle : entre les années 1950 et 1970, un accident non documenté est à l’origine du morcellement de la sculpture en de nombreux fragments. Par la suite, deux remontages successifs ont été réalisés avec différents matériaux (soufre, plâtre, adhésifs divers). Ces collages présentaient une perte de cohésion importante, laissant les fragments sans aucune accroche.
Le plâtre avait été disposé en débordement et en grande quantité, noyant les surfaces et le modelé de la sculpture. Enfin, des restes de polychromies sont présents, mais très partiels. L’aspect général de l’œuvre était très chaotique, sa valeur artistique et religieuse était difficile à percevoir.
Le travail de conservation-restauration s’est orienté en priorité sur l’absence de cohésion mécanique des fragments entre eux tels qu’ils avaient été remontés. La question de la dérestauration s’est donc rapidement imposée, puis celle du remontage des fragments afin de retrouver une intégrité structurelle et visuelle de l’ensemble.
Une étude spécifique a été menée afin de proposer une alternative au collage structurel de la pierre employant des résines époxydes en milieu humide. Un état de la recherche sur cette problématique a permis d’élaborer un protocole expérimental où la performance du Paraloïd B-72® utilisé comme adhésif structurel en climat à forte hygrométrie a été testée.
11 h 20 – Lucie Cogné
Mandarin et Femme de mandarin, Étude et restauration de deux magots de Chine, Collage et traitement d’une terre crue « pyriteuse ».
Chine (Canton), XIXe siècle, musée départemental Dobrée, Nantes.
Probablement acquises au début du XIXe par l’armateur nantais Thomas I Dobrée (1781-1828) au cours d’un voyage commercial à Canton ou achetées plus tard par le collectionneur Thomas II Dobrée (1810-1895), ces deux œuvres en terre crue polychromée font partie d’un ensemble de douze magots aujourd’hui conservé au musée départemental Dobrée. Ces sculptures à têtes mobiles donnent à voir aux occidentaux la société chinoise à travers les différentes classes sociales qui la composent, comme ici celle des fonctionnaires civils.
Devenues extrêmement fragiles par la dégradation du matériau les constituant, ces deux œuvres ne sont pas aujourd’hui en état d’être exposées. La sensibilité de la terre crue aux variations de température et d’hygrométrie, sa faible résistance mécanique et la présence de nodules « pyriteux » dans sa composition sont autant de facteurs qui ont entraînés d’importantes altérations de structure et de surface, menaçant à court terme la stabilité des œuvres et leur polychromie. Cet état de conservation préoccupant a motivé leur conservation et leur restauration. La problématique principale de ce travail, mise en évidence par l’état fragmentaire des deux œuvres, porte sur le collage de la terre crue. Suite à un état des lieux des pratiques en conservation-restauration sur le sujet, un protocole de test a été élaboré afin de comparer les performances de deux adhésifs et de déterminer la nécessité d’une imprégnation des plans de cassure préalablement au collage. Les nombreux manques à la surface des œuvres soulèvent également la question de leur comblement, l’objectif final étant de réintégrer de manière cohérente et homogène le Mandarin et la Femme de mandarin au reste de la collection de magots du musée Dobrée, déjà restaurés il y a plusieurs années par Armand Vinçotte (conservateur-restaurateur de céramique au Laboratoire Arc’Antique de Nantes).
12 h 10 – Marie Thorineau
Étude et restauration de La Jonque du bonheur, Vietnam, entre 1935 et 1948, bois, métal, papier, pâte minérale, textile, polychromie.
Collection privée.
La Jonque du bonheur est une représentation à échelle réduite d’un bateau-dragon richement décoré et polychromé. Des éléments miniatures tels que des figurines et différents accessoires amovibles prennent place sur le pont. La diversité des matériaux confère à l’ensemble un aspect très composite, juxtaposant une structure principale en bois à des décors en papier contrecollé, métal et pâte ainsi que des textiles. La complexité et la finesse de réalisation des décors et de la polychromie résultent de spécificités techniques locales. Probablement fabriquée à destination des étrangers occidentaux en Indochine française, l’œuvre a été rapportée du Vietnam en 1948 par la grand-mère de l’actuelle propriétaire, au terme d’un séjour à Saigon. Restée dans la famille, elle admet aujourd’hui un double statut en tant qu’ « objet souvenir » personnel et au sein d’une collection privée, parmi d’autres œuvres. Plus largement, elle acquiert une valeur historique et patrimoniale.
La perte de son intégrité physique, de part l’aspect fragmentaire des décors, jugé inesthétique, a orienté le travail vers la restitution au plus proche de l’aspect originel. Face à un objet peu documenté et à des techniques de fabrication particulières, l’étude iconographique et technique a permis de retrouver la cohérence du programme décoratif. Plusieurs problématiques ont nécessité une recherche préalable aux interventions, s’inspirant de solutions techniques d’autres spécialités. En particulier, la fragilité de certains éléments de décor en papier et pâte déformés nous a conduits à mettre en place un protocole de remise en forme par humidification des matériaux. L’aspect composite et le retour de l’œuvre dans la collection privée a déterminé le choix des produits pour les interventions de consolidation, collage, comblement et fixage et nous a amené à réfléchir à une optimisation des conditions de conservation.