Philippe Langlois et Natacha Nisic, Conférence-Ciné Osoresan et plutôt mourir que mourir
Conférence et Ciné-Live
Philippe Langlois tiendra une conférence en dialogue avec la réalisatrice Natacha Nisic autour de deux de ses films Osoresan et Plutôt mourir que mourir dont Philippe Langlois à réalisé la bande son. Les projections viendront articuler une réflexion esthétique et historique sur les liens étroits qu’entretiennent création sonore et cinématographie.
Osoresan
2018. Installation 3 canaux vidéo HD synchronisés, stéréo,17’.
À la rencontre de Nakamura Take, la dernière Itako, shamane aveugle du Japon, Natacha Nisic et l’historien Ken Daimaru dressent une fresque onirique sur les héritages culturels et leur fonction dans les lieux touchés par la catastrophe.
Reprenant la dimension mythique des pièces de théâtre japonaises, Natacha Nisic et Ken Daimaru tissent légendes et récits documentaires, prises de vues réalisées dans les régions nordiques du Japon et représentations virtuelles.
« La façon de voyager de l’Itako au pays des morts et des esprits, utilisant un trésor de mots, de notes, d'incantations, a guidé notre propre voyage. Il nous mène le long des côtes en court de reconstruction depuis le tsunami, comme sur des lieux qui ont résisté à la catastrophe en conservant la tradition. À Soma, le festival annuel du Cheval n’a pas cessé depuis 2011. Les chevaux de Soma semblent figurer la légende fondatrice des Itakos, une jeune femme, tombée amoureuse d’un cheval». Nous étions porté par ses récits, il nous semblait qu’elle «voyait» des choses que nous ne voyions pas. Et c’est notre propre cécité, face au futur et au danger, ainsi qu’à la complexité des images qui nous entourent, que nous cherchions à évoquer.»
Dans le nord du Japon, cohabitent légendes et coutumes vivaces et centres de recherche de haute technologie nucléaire. Il s’agit du paradoxe réservé aux régions éloignées et rurales. Pourtant, depuis 2011, le nucléaire plane comme une menace.
Tout près du village nucléaire de Rokkashon, se trouve le mont Osoresan, Le Mont de la Peur. C’est un paysage de cendres et de fumée d’une beauté triste. Il accueille les désirs de ceux qui souhaitent parler aux morts. Nakamura Take s’y est rendue pendant plus de trente ans ainsi qu’un groupe d’Itakos, fidèle.
Le désir de faire la paix avec les morts motive chacun de ceux qui visitent une Itako. Qu'est-ce qui pourrait nous aider à faire la paix avec l'héritage de la catastrophe? En faisant ce voyage jusqu’à Osoresan, nous avons découvert une femme touchante, souriante et ouverte. Nous avons réalisé que Take Nakamura est un monument de l'histoire du Japon. Très précieux, rare et fragile. Un peu de notre humanité.
Avec la participation de Take Nakamura.
Acteurs: Chiten - Satoko Abe, Fumie Kubota, Yohei Kobayashi, Kyoko Takenaka. Shamisen : Mika Shigemori.
Plutôt mourir que mourir
2017, 66’.
Production Centre National des Arts Plastiques, Seconde vague productions, Arte-La Lucarne
Plutôt mourir que mourir emmène le spectateur dans une expérience de la durée du conflit 14-18 et de son caractère traumatique par le biais d’une incise dans une histoire singulière, celle de l’historien d’art allemand Aby Warburg et sa plongée dans la psychose suite à la déclaration d’Armistice en 1918. C’est au coeur de la folie d’un homme, au sein de son théâtre de la peur et de la cruauté, que l’expérience de la violence pourra être exprimée.
Philippe Langlois
Philippe Langlois est docteur en musicologie avec une thèse publiée aux éditions MF sous le titre Les cloches d’Atlantis. Musique électroacoustique et cinéma, enseignant et compositeur pour l’image, producteur de l’Atelier de création radiophonique de France Culture de 2001 à 2011, Philippe Langlois a développé ses activités à la croisée du son et de la technologie, de la musique et du cinéma, de la radio et des arts sonores.
En juillet 2017, il est nommé directeur de la Pédagogie et de l’Action culturelle de l’Ircam.
Natacha Nisic
Natacha Nisic est réalisatrice et artiste. Le travail de Natacha Nisic explore la relation invisible entre les images, l'interprétation, le rituel et la mémoire. Son travail questionne la nature de l'image à travers différents médias: Super 8, 16MM, vidéo, photographie et dessin. Ses expositions récentes incluent le Metropolitan Museum of Photography à Tokyo (2018 - 2010), la Media Biennale City à Séoul (2016), Biennale de la Imagen en mouvement à Buenos Aires, Munfret à Buenos Aires (2016), «Echo », exposition personnelle au jeu de paume, Paris, Fondation Hermès à Séoul (2012), K21 à Düsseldorf (2011). Elle réalise pour Arte La Lucarne « le Ciel d’Andrea » (2014) ainsi que « Plutôt Mourir que Mourir » (2017) sur la Première guerre mondiale. Elle a réalisé le mémorial des Enfants au mémorial de la Shoah et travaille sur les questions de représentation des violences extrêmes.
Natacha Nisic a reçu de nombreuses bourses et résidences, dont la Villa Kujoyama à Tokyo en 2001 et 2016 Gyeonngi Creation Center en Corée du Sud en 2010 et la Villa Médicis à Rome en 2007. Formation : École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Paris; Deutsche Film und Fernseh Akademie, Berlin; La Femis, Paris. Née à Grenoble, France, 1967.