Anthropocène, usage et mésusage du monde - séance 7
Dans le cadre de la mention Design et territoire, Miguel Mazeri et Rachel Rajalu, professeur·es à TALM-Le Mans organisent le séminaire Anthropocène : usage et mésusage du monde. Ce rendez-vous se tiendra le dernier jeudi de chaque mois, tout au long de l'année universitaire. L'accès au séminaire est libre, dans la limite des places disponibles.
Ce nouveau rendez-vous aura lieu le jeudi 29 octobre de 18 h à 19 h, à l'auditorium du Carré Plantagenêt.
La démocratie à l’épreuve de la crise écologique, vers de nouvelles configurations politiques
Conférence de Rachel Rajalu (en présentiel)
La profonde inquiétude liée à la crise écologique s’accompagne chez certains d’une tentation pour l’éco-autoritarisme, ou de façon plus nuancée, de concessions faites aux principes fondamentaux de nos démocraties. L’interdiction, la sanction et le contrôle seraient des leviers de la protection de l’environnement. Pour d’autres, au contraire, cette protection peut et doit s’exercer dans un cadre démocratique de type écologique. Mais qu’entend-on par “démocratie écologique” ?
Les Champs de la liberté : l’autonomie permaculturelle
Intervention Anahid Roux-Rosier (en distanciel)
Qu'on le considère comme un instant déterminé ou comme un espace dans le temps, l'Anthropocène semble surtout marquer l'avènement d'un âge caractérisé par la désagrégation, le dommage, la dérégulation d'équilibres qui le précèdent et qu'il vient bouleverser. Il s'apparente en cela davantage à une crise qu'à l'émergence d'un nouvel ordre, à une ère de révolution dont les convulsions généralisées rendent toute tentative sérieuse d'en prédire l'issue relativement hasardeuse. L’anthropocène nous met par ailleurs face au dilemme a priori insolvable de la modernité en questionnant notre capacité à imaginer et mettre en place des organisations et des modes d’habiter qui ne soient pas intrinsèquement destructifs pour les environnements écosystémiques dans lesquels ils s’insèrent. La permaculture – à la fois mouvement social et agricole – joue à cet égard dans un registre relativement novateur en ce sens qu’elle ne s’extrait jamais totalement des catégories sur lesquelles se fondent la modernité, notamment en termes de répartitions ontologiques entre, par exemple, nature et culture, ou sauvage et domestique, mais, plus encore, chemine aux frontières de ces catégories traditionnelles. Ici, la friche est jardin, la mauvaise herbe est une plante compagne, et l’autonomie (traditionnellement pensée en termes individualistes) est relationnelle. C’est sur ce dernier point que nous voudrions concentrer notre attention, en mettant plus particulièrement en lumière la manière dont la culture du paradoxe dans la permaculture génère des espaces de frontières basées sur l’idée de porosité, lesquels découlent d’une vision relationnelle de l’émancipation individuelle. Après un bref rappel des termes dans lesquels la notion d’Anthropocène pose le problème de la co-habitation, ainsi qu’une présentation de la permaculture, nous explorerons plus particulièrement, à travers un ensemble de cas concrets issus d’un travail de terrain, le concept d’autonomie relationnelle tel qu’il se déploie dans le mouvement et à travers la mise en pratique de la permaculture.
Anahid Roux-Rosier
Anahid Roux-Rosier est doctorante à l’Institut de Recherche en Philosophie (IRPHIL) à l’université de Lyon 3 sous la direction de Jean-Philippe Pierron. Sa recherche, au carrefour de l'éthique environnementale et de l'écologie politique, explore, à travers une étude de terrain, la manière dont la permaculture entend redessiner les contours de ce que co-habiter la Terre signifie.