Anne-Gaëlle Churin
TALM-Tours, 2022
DNSEP Conservation-restauration des biens culturels spécialité Œuvres sculptées
Admise avec les félicitations
Préserver les stigmates d’un incendie : Étude et conservation d'une sculpture en bois partiellement carbonisée. Saint Tugdual, fin du XVIIe - XVIIIe siècle, bois polychromé, Trémel (Côtes d’Armor), église Notre-Dame-de-la-Merci. Inscrite au titre des monuments historiques.
L’incendie du 21 juin 2016 a constitué une rupture dans l’histoire de l’église Notre-Dame-de-la-Merci de Trémel, engendrant d’importantes destructions matérielles et une forte émotion dans la mémoire collective. A l’échelle de la statue de Saint Tugdual, qui était placée dans le chœur de l’édifice, cette rupture est à la fois symbolique et matérielle. Dépouillé de ses attributs et de ses particularités esthétiques, le vestige de la sculpture devient un objet de mémoire, représentatif de la violence de l’évènement. À ce titre, les responsables de l’œuvre ont manifesté une volonté de la replacer dans l’église, dont s’achève aujourd’hui la reconstruction.
Sur le plan matériel, l’incendie a provoqué la perte de nombreuses informations concernant l’histoire de la sculpture et l’a largement fragilisée. Le bois, carbonisé sur une épaisseur de plus d’une dizaine de millimètres, est devenu friable et est parcouru de nombreuses fissures. Les pertes de matière compromettent sa stabilité en position verticale, et en surface, les restes de polychromie sont largement soulevés. Le constat d’état révèle également une reprise des contaminations biologiques.
Ces dégradations mettent en lumière la vulnérabilité de la sculpture vis-à-vis des facteurs d’altération qui s’exercent dans l’église. Afin d’anticiper le comportement de la matière face aux fluctuations climatiques et aux sollicitations mécaniques, l’étude des propriétés physiques du bois, du bois carbonisé et du bois modifié thermiquement est complétée par des tests d’atelier. Considérant la nécessité d'effectuer une consolidation, les performances de quatre résines synthétiques thermoplastiques sont comparées. Cette étude permet également de mettre l’accent sur le phénomène de propagation des fissures lié à l’application du produit de consolidation et à l’évaporation des solvants en raison de la grande fragilité de la matière.
Conservatrices : Cécile OUHLEN, Conservatrice des monuments historiques, Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne ; Céline ROBERT, Conservatrice des antiquités et objets d'art des Côtes-d'Armor, Conseil départemental des Côtes-d'Armor - Direction de la Citoyenneté, Archives départementales et patrimoine historique.