Marion Agnès Benda
TALM-Tours, 2022
DNSEP Conservation-restauration des biens culturels spécialité Œuvres sculptées
Admise avec les félicitations
Danseuse 207 - Étude et conservation-restauration d’une sculpture en mortier de ciment Portland armé et peint provenant du Jardin de Gabriel (1969-1989), œuvre singulière de l’habitant-paysagiste Gabriel Albert inscrite au titre des Monuments Historiques.
Emploi des mortiers et liants hydrauliques non modifiés ou modifiés par ajout d’adhésifs acryliques pour le traitement des sculptures en mortier de ciment Portland armé, conservées en extérieur.
Depuis le classement au titre des Monuments Historiques du Palais Idéal du Facteur Cheval en 1969, les sites singuliers réalisés par des autodidactes partout en France, ont été portés à la connaissance d’un large public. Ces créations du temps libre, réalisées hors des conventions artistiques académiques, ont acquis avec le temps le statut d’œuvres d’art. Après la mort de leur créateur, ces environnements singuliers se dégradent rapidement, à cause surtout de leurs défauts de mise en œuvre que l’auteur palliait de son vivant par un entretien régulier.
Ainsi, la préservation de ce patrimoine du XXe siècle s’avère urgente et s’inscrit dans les problématiques de conservation du patrimoine architectural contemporain réalisé en béton. Depuis son inscription au titre des Monuments historiques en 2011, le Jardin de Gabriel et ses 388 sculptures ont pu bénéficier d’un inventaire général et d’un constat d’état en 2016 qui ont ensuite permis de lancer en 2017, les premières interventions d’urgence.
L’étude de la Danseuse 207, une des dernières sculptures exécutées par Gabriel Albert, a confirmé et détaillé certains éléments présentés dans l’état sanitaire mené par Delphine Bienvenut. Son mauvais état de conservation, non représentatif de l’état général du jardin, a imposé des interventions spécifiques à chaque strate de la sculpture :
- Le traitement de l’armature métallique et le remontage structurel des éléments désolidarisés, ont tenu compte du comportement électrochimique de chaque métal, provenant principalement de récupérations (alliages ferreux, acier galvanisé, cuivre, alliage zinc-aluminium).
- Le choix des matériaux de comblement et de collage des fragments désolidarisés, s’est appuyé sur leur degré de retrait et leur adhérence, afin de garantir à la fois la protection de l’armature métallique et la tenue structurelle des couches fissurées et déformées de mortier.
- L’étude approfondie du mécanisme et du degré d’usure des réintégrations formelles et colorées, a permis de sélectionner des liants dont les propriétés se rapprochent de celles des matériaux d’origine.
Ce sujet de mémoire aborde donc des problématiques jusqu’à présent très peu étudiées mais qui ont pu être menées à terme grâce à l’aide et aux précieuses connaissances de différents professionnels du milieu de la conservation-restauration
Conservateur : Manuel LALANNE, Conservateur des monuments historiques, Direction régionale des affaires culturelles Nouvelle-Aquitaine, Conservation régionale des monuments historiques, Site de Poitiers.