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Poisson-lune Mola mola - Étude et restauration d’une taxidermie historique du Muséum des sciences naturelles d’Angers, 1839, peaux, bois, métal, verre polychromé, fibres végétales, papier, Angers, Muséum des sciences naturelles, inv. MNAn.2007.260

Ce mémoire porte sur l’étude et la restauration d’une taxidermie historique de poisson-lune, Mola mola, datée de 1839. Cette naturalisation appartient au Muséum de Sciences naturelles d’Angers. C’est une préparation complexe, composée de divers matériaux :  une peau de poisson-lune et de la peau de requin liche, toutes deux traitées et montées sur un mannequin fait de bois et de fibres végétales. Elle était suspendue par deux cerclages métalliques. L’ensemble est le fruit d’une interprétation particulière, l’anatomie du poisson-lune n’ayant pas été respectée sur de nombreux points.

L'étude a été l’occasion d’apporter des informations sur l’état de dégradation des peaux de poissons, la littérature scientifique sur ce sujet étant rare, a fortiori sur les poissons-lunes. Pour cela des analyses par calorimétrie différentielle à balayage (DSC en anglais) ont été menées sur la peau du spécimen et sur celle de trois autres poissons naturalisés. La peau d’un Mola mola, fraichement échoué, a enrichi le corpus. Ces analyses nous ont permis d’adapter les traitements à la condition de notre pièce de mémoire. L’observation du poisson-lune a révélé de multiples altérations, fréquemment retrouvées sur des taxidermies. Les plus visibles perturbaient la bonne compréhension de l'œuvre : un très fort empoussièrement, des déchirures de la peau laissant apparaitre le mannequin, un mal positionnement de la nageoire pectorale gauche, des fractures des yeux, de nombreuses lacunes des mastics couvrant les coutures et des déformations de la silhouette ventrale.

Préserver l’intégrité de cette pièce mais également son interprétation si particulière a guidé les choix de conservation-restauration. Le système de suspension a été substitué par un socle, moins contraignant. Le spécimen a été dépoussiéré. Comme il contient de l’arsenic, son dépoussiérage a été effectué sans aspiration, ni soufflage, à l’aide d’un caoutchouc naturel modifié, le Groom/stick®. Ce dépoussiérage a été suivi d’un nettoyage mécanique, complété par un nettoyage chimique. À la déontologie qui a guidé le choix des traitements s’est ajouté le respect de l’ADN car le spécimen, bien qu’historique, est avant tout une pièce de sciences naturelles qui pourrait être prélevée en vue d’analyses. L’intérêt historique de cette pièce n’a toutefois pas été négligé : l’exposition du Poisson-lune Mola-mola aux côtés d’une taxidermie moderne, réaliste, permettra d’apprécier l’interprétation particulière du préparateur.

Conservateur : Benoît MELLIER, Directeur adjoint, conservateur des collections Zoologie, Sciences de la Terre et Préhistoire au Muséum des sciences naturelles de la ville d’Angers.