Alexandre Bauchet
TALM-Le Mans, 2024
DSNEP Art
Admis avec les félicitations
Le dessin est presque toujours le prétexte pour moi d’improviser une vision ; peut-être parce que je mêle diverses techniques, que son support est le plus souvent une feuille marouflée que je fais basculer vers le tableau, l’hybridation dont il résulte n’a d’autre sens alors que d’offrir à mes gestes, et selon mes humeurs, un contexte de remplissage.
S’il explore par exemple un registre érotique (parfois pornographique), ce n’est jamais que par souci d’inventer des situations perturbées, renversées, ou déviées ; sortes de jeux combinatoires où les variations de traitement et l’agencement des figures tentent de se défaire de la fonction de cette imagerie.
Dès lors que la tuyauterie humaine est présentée sans voyeurisme, et sans un cadrage qui puisse placer les spectateurices dans l’attente d’un mystère, la mise en scène peut s’ouvrir sur un éventail d’interprétations erronées, ou dépassées par les connaissances scientifiques et anatomiques actuelles — ainsi les divers traités anatomiques supposant la présence et le rôle des organes dans le fonctionnement du corps.
Les représentations traditionnelles et éculées qui attribuent au corps mâle d’être dépositaire du seul pouvoir fécondant, et à celui féminin d’en être le seul réceptacle, sont ici malmenées jusqu’à désorganiser le système référentiel de la sexualité, l’élargissant à celui des objets et des croyances magiques.
L’autre versant de mon travail se constitue de seynettes construites à l’intérieur de cadres en monotype ; leur partie imprimée faisant office de parergon, ils donnent alors le ton d’une atmosphère et de toutes sortes de fantasmes archaïsants, suscités par des temps, des époques, des styles et leurs objets manufacturés, comme par exemple les minéralités antiques de Tipasa, de même que le réservoir à invention formelle que sont les ex-votos marins et les marginalia.
Ce lieu de mon dessin rencontre enfin la vie onirique offerte par les mondes virtuels ; le cadre, prenant à cet égard la place symbolique de l’écran, y est pensé comme une invitation à parcourir des séquences iconographiques et historiques fantasmées.