Félicitations

Le travail d’Emma Niclot est aujourd’hui le résultat sensible et poétique de plusieurs années d’appréhension de la matière dans un contexte de gravure et de création d’images. Après avoir appris et expérimenté les différentes techniques d’estampe, elle s’est intéressée de manière plus poussée aux dites matières qu’elle convoquait. Cet intérêt est arrivé de fil en aiguille et, brique par brique, j’ai commencé à le consolider. Issus de collectes, de sauvegarde face à l’oubli, ou épargnés de la déchetterie, pierres, papiers et métal racontent ensemble dans un dialogue zéro, une histoire de poésie comme ciment de l’art. Cet amour que je porte à mes petits bouts de mondes, se traduit en installations où la pierre lourde peut sembler légère, où le papier froissé, imprimé, soutient et devient solide.

Dans ces concepts d’équilibre et de tension, qui lui sont chers, les petites éditions qu’Emma Niclot confectionne résonnent aussi. Dans le petit livre, de grands mots, ceux de la poésie. Des mots lourds, denses. Ces éditions font aussi honneur à l’obsession première qui est celle de l’estampe, car tous réalisés dans différentes techniques de gravures. L’écriture est aussi alors une matière à travailler, une matière à penser.  Dans ses productions, la poésie a fait son nid, par l’écriture ou le travail de la pierre, du livre, du pavé, du papier ou de la musique, Emma Niclot essaie d’y faire éclore quelque chose.

Ces diverses écritures s’étendent aussi en musique, en son, matière aussi épaisse qu’invisible. Dans cette perspective de la création sonore, Emma Niclot réalise des lectures-performances ou encore de la musique expérimentale où, en duo, ils·elles enregistrent des samples, le bruit des outils et des matières utilisés au quotidien.   Par toutes ces manières de créer autre chose, elle propose une lecture intime sur ces fragments de temps, de mots, de bruits, ces tas de pierres, de poussières, de papiers, sur toute cette poésie.

Jury DNSEP Art 2024 :  Laure Fernandez (docteure et enseignante aux Arts Décoratifs) ; Claire Staebler (directrice du FRAC des Pays de la Loire) ; Pau Simon (chorégraphe) ; Jeanne Ételain (docteure et enseignante au MOCO Montpellier contemporain) ; Sophie Legrandjacques (directrice du Grand Café, centre d’art contemporain Saint Nazaire) et Agathe Dumont (metteuse en scène, chercheuse et professeure à TALM-Angers)