Dialogues 3 – sortie de résidence
Dialogues 3, deux jeunes artistes diplômées de TALM-Angers exposent à l'issue de leur résidence Itinérance activée à l'École d'arts du Choletais.
Une résidence portée par TALM-Angers et l’École d’arts du Choletais
Anne Lebréquer et Maëlle Bléteau ont été félicitées à l’occasion du passage de leur Diplôme national supérieur d’expression plastique, valant grade de master (DNSEP) en juin dernier. Sélectionnées par Grégory Duhamel, directeur de l’École d’arts de Cholet (classe préparatoire aux écoles d’art et de design publiques), elles ont bénéficié d'une résidence de création de 8 mois dans le cadre du programme de professionnalisation mis en place par TALM : Les Affluentes.
Cette année encore, afin de mettre en lumière les œuvres produites et de valoriser la résidence, le Musée d’art et d’histoire de Cholet leur consacre une exposition temporaire ouverte au public du 15 mai au 7 juillet 2024. Avec l’exposition Dialogues 3, les jeunes diplômées de TALM-Angers proposent un dialogue avec les collections d’art du musée en exposant plusieurs œuvres, sur deux parcours distincts.
Exposition Dialogues 3 du 15 mai au 5 juillet 2024
↗ Vernissage le 14 mai à 17 h
au musée d'art et d'histoire de Cholet
Dialogues 3
Maëlle Bléteau
Essentiellement tourné vers la photographie expérimentale, le travail de Maëlle Bléteau tente de révéler l'invisible. Pour elle, la lumière la plus importante est celle qu’on ne voit pas. En jouant avec le concept de l’image tangible pour proposer une réalité alternative, elle mélange réalité et fiction. Son approche se porte sur la mémoire, la ruine mais aussi l’océan, mêlant écologie et fantasmagorie de celui-ci. En son centre, l’eau. L’eau comme matière fantasmée, comme matérialité en tant que telle, comme élément propice à créer une histoire.
En attendant de retrouver la mer s’inspire de la notion de retrouver quelque chose d’inaccessible sur le moment. Portée par le désir de voir l’absent développé par Pascal Quignard ainsi que par la quête illusoire de la vanne en pierre finistérienne de Camille Bernier, Maëlle propose une déambulation à contre-courant ponctuée de quatre haltes, pour se laisser porter.
Au départ du dessous de la surface de l’océan, remontant le fleuve de la Laïta, elle prend le carrefour de la rivière de l’Isole, à la recherche d’une vanne supposée, pour enfin arriver à la source, l’origine, les Montagnes Noires, lieu emblématique des légendes bretonnes.
Cette déambulation s’articule autour du principe de rebours. L’artiste confronte ainsi le territoire géogra- phique au territoire temporel, en s’éloignant progressivement de la représentation de la mer à mesure que l’on s’en rapproche physiquement dans le temps. Un moyen de susciter un voyage dans l’imaginaire fantasmagorique autour d’une mer agitée à plus de 100 km, dans les terres, au sein d’un musée.
Évoquer la mer, la questionner, la poursuivre, l’imaginer, car comme le souligne Pascal Quignard dans « Vie secrète » : « Désirer est un verbe incompréhensible. C’est ne pas voir. C’est chercher. C’est regretter l’absence, espérer, rêver, attendre.
Anne Lebréquer
À la proposition du Musée d’Art et d’Histoire de Cholet d’entrer en dialogue avec une oeuvre de la collection, elle a choisi le tableau Une bataille de Philippe-Jacques de Loutherbourg (datant de 1767), mettant en scène une masse de chevaux, d’hommes et de fers d’armes dans une brutalité à son paroxysme. Le corpus de sculptures qu'elle présente ici s’intitule Avec hennir comme dernier cri, parce qu’humanité avalée. Ce rapprochement entre création contemporaine et peinture européenne du XVIIIe siècle a été l’occasion d’une recherche historique, éthologique, picturale, philosophique, littéraire, anthropologique, devenant progressivement l’objet d’une recherche poétique.
Le choix ou le détournement de matériaux et d’objets importe beaucoup et s’intègre à l’acte créatif. Ils sont détournés de leur vocation première, utilisés tant pour leurs formes et leurs histoires que pour leurs valeurs symboliques, les traits, les bricoles d’attelage, associés à d’autres matériaux comme le métal, la corde, la laine feutrée peuvent suggérer des fragments de corps animaux, des blessures ou la possibilité d’aller sur le versant animal des choses. Les oeuvres suggèrent le cheval, mais les formes ont été fragmentées, arrachées, restructurées, de telle manière qu’elles acquièrent leur propre beauté autonome et abstraite.
Dans son travail de sculptrice, ses formes hybrides, organiques, animales, fantômes, morcelées, s’apparentent à des formes évidées, des peaux desquelles palpitent un élan d’émancipation ou de vie.