Séminaire Anthropocène : « La (re) configuration du monde. L’entremise pédagogique. L’école comme milieu » - séance 3
Anthropocène, usage et mésusage du monde
Séminaire ouvert à tou.te.s
Dans le cadre de la mention Design et territoire(s), Miguel Mazeri et Rachel Rajalu, professeur.e.s à TALM-Le Mans organisent depuis octobre 2019 le séminaire « Anthropocène : usage et mésusage du monde ». Ce rendez-vous se tient le dernier jeudi de chaque mois, tout au long de l’année universitaire. Le premier opus de ce séminaire, intitulé « La configuration humaine du monde. Enquête en anthropocène. Formes, supports, cadres, conducteurs et lampistes » a proposé une cartographie de la notion d’anthropocène et des enjeux qui lui sont liés. Le deuxième opus « La (re)configuration du monde. L’entremise pédagogique. L’école comme milieu » s'est ouvert lors de la séance du 25 février 2021.
SEMINAIRE « ANTHROPOCENE : USAGE ET MESUSAGE DU MONDE » OPUS 2 « LA (RE)CONFIGURATION DU MONDE.L’ENTREMISE PEDAGOGIQUE.L’ECOLE COMME MILIEU »
Cette troisième session se déroulera en visio sur l'application microsoft teams, le vendredi 30 avril de 18 h à 20h. Miguel Mazeri, anthropologue et Rachel Rajalu, philosophe, tous deux professeur.es à l’École supérieure d’art et de design TALM-Le Mans et à l’initiative de cette programmation, ont invité :
• Étienne Poulle, artiste et enseignant à l’École supérieure d’art et de design TALM-Angers
« L'île de Baure, une simple robinsonnade pédagogique ? »
• Christophe Rulhes - metteur en scène pour le GdRA et anthropologue
« Théâtre de la personne en période d’anthropocène »
RÉSUMÉS DES CONTRIBUTIONS ET BIOGRAPHIES DES INTERVENANTS
• Étienne Poulle
« L'île de Baure, une simple robinsonnade pédagogique ? »
De 2004 à 2014 l'École supérieure d'art et de design TALM a disposé d'une île sur la Loire comme terrain d'enseignement. Une vraie ! Sauvage, Inhabitée et abordable seulement en bateau. Accoster sur une île déserte, Peut-on imaginer meilleur contexte pour prendre de la hauteur, mesurer l'empreinte humaine sur notre écosystème ? Pourtant dans mes souvenirs, si nous parlions d'art, de paysage et un peu d'écologie, nous allions légers, insouciants encore de notre entrée dans l'anthropocène.
« Contrairement au white cube, l’île n’est pas dédiée à l’art, parcourue par la nature, immergée dans le paysage du fleuve, elle résiste, défait toute idée préconçue. Pour de jeunes créateurs, réaliser leur projet au plus près du dessin et de la pensée dans ce contexte si particulier, avec des moyens techniques et financiers réduits, a été une expérience décisive. » Etienne Poule et François Seigneur.
En 1986, Étienne Poulle est apprenti maçon, puis tailleur de pierre. Il pratique ces métiers plusieurs années dans la restauration du patrimoine et encadre des chantiers de formation aux techniques traditionnelles du bâtiment. Parallèlement il participe à des scénographies, à l’univers du théâtre de rue, et des décors de cinéma. En 1993, il est admis à l’École des beaux-arts d’Angers et obtient son DNSEP Art en 1998. Lauréat du Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire en 2001, invité au Festival Jardin à Suivre (PNR de Moselle 2002), il réalise des commandes pour des communautés (Fonds Baptismaux de l’église Notre Dame à Sablé-sur-Sarthe 2005) et des particuliers (fontaines et jardins en Anjou). Il poursuit une production personnelle qui explore les interstices et les tensions entre nos héritages culturels, le poids du patrimoine et les injonctions de la modernité, à travers des objets hybrides et improbables. Ce travail a donné lieu à plusieurs expositions collectives. Ces réalisations, qui engagent le volume, la matière et l’espace, se nourrissent du travail en atelier autour des matériaux, leur substance et leur mise en œuvre. En 2014 il présente son travail à la Bils école d’arts plastiques dans le cadre de l’exposition Art Patrimoine, clin d’œil (Digne), ainsi qu’au musée et jardin de Salagon. De plus il a été concepteur associé avec François Seigneur sur le projet Trait d’génie en collaboration avec la Fondation de France. En 2018, le Musée des Beaux-Arts d’Angers lui consacre une exposition personelle, Rester de marbre.
• Christophe Rulhes, metteur en scène pour le GdRA et anthropologue
« Théâtre de la personne en période d’anthropocène »
Pourquoi apprendre à enquêter sur nos proximités pour créer des pièces de théâtre et des performances ? Pourquoi transmettre dans des écoles d’art des mises en œuvre basées sur l’enquête, les humanités scientifiques, le documentaire, le milieux vécu et habité de chacun ? Quelle attention porter au devenir autochtone de toute personne, qui apprend et sait en même temps ? En période d’anthropocène, de capitalocène, de plantationocène, de chthulucène – comment nommer la crise ? – j’ai vu mon grand-père et les brebis, ma mère et la parole des fleurs, le trouble climatique et les ruines de la ferme, les chutes de mes enfants, et je souhaite enseigner dans la pragmatique de l’action et de l’oral, pour un théâtre des gens et des non-humains.
Christophe Rulhes écrit et met en scène pour le GdRA, collectif pluridisciplinaire d’artistes, des pièces de théâtre d’enquête, des spectacles musicaux de témoignages et d’anthropologie, où la parole s’entend selon des perspectives, des corps et des langues croisées. Il cherche des conversations, où tout choix de vie est singulier et ne peut être le seul possible.
Il est diplômé en communication, en sociologie et en anthropologie de l’E.H.E.S.S. et fut chercheur associé au laboratoire CAS-LISST de Toulouse. Musicien autodidacte multiinstrumentiste de pratique orale et occitane depuis le très jeune âge, il développe des expériences artistiques à la croisée des disciplines dont l’improvisation, l’écriture, l’image et le son, la mise en scène. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles théâtraux ou théoriques ayant trait aux thématiques développées dans ses pièces et ses enquêtes.