Séminaire Anthropocène : « Usage et mésusage du monde » - Opus 3 - n°5
« Résonance(s) : plaidoyer pour des espaces et des temps de recomposition de notre être-au-monde. »
SÉMINAIRE OUVERT À TOU.TE.S
Dans le cadre de la mention Design et territoire(s), Miguel Mazeri et Rachel Rajalu, professeur.e.s à TALM-Le Mans organisent depuis octobre 2019 le séminaire « Anthropocène : usage et mésusage du monde ». Ce rendez-vous se tient le dernier jeudi de chaque mois, tout au long de l’année universitaire. Le premier opus de ce séminaire, intitulé « La configuration humaine du monde. Enquête en anthropocène. Formes, supports, cadres, conducteurs et lampistes » a proposé une cartographie de la notion d’anthropocène et des enjeux qui lui sont liés. Le deuxième opus « La (re)configuration du monde. L’entremise pédagogique. L’école comme milieu » s’est déroulé durant l’année 2021. Le troisième et dernier volet « Résonance(s) : plaidoyer pour des espaces et des temps de recomposition de notre être-au monde.» proposera de poursuivre l’enquête du côté des projets artistiques et poétiques pris au sens large en interrogeant leur capacité à nous (re)mettre en relation avec le monde, en « résonance » pour reprendre la terminologie au sociologue et philosophe Hartmut Rosa, c’est-à-dire en capacité de nous faire accéder « à une vie meilleure (reposant sur) un accord entre le monde tel qu’il est et l’existence telle qu’elle mérite d’être vécue ».
SÉMINAIRE « ANTHROPOCÈNE : USAGE ET MESUSAGE DU MONDE » OPUS 3
« Résonance(s) : plaidoyer pour des espaces et des temps de recomposition de notre être-au-monde. »
Cette cinquième séance se déroulera le jeudi 24 février prochain dans l’auditorium du Carré Plantagenêt, de 18h à 20h ainsi qu’en visioconférence sur l’application microsoft teams. L’entrée est libre sous condition de présentation d’un passe sanitaire. Miguel Mazeri, anthropologue et Rachel Rajalu, philosophe, tous deux professeur.es à l’École supérieure d’art et de design TALM-Le Mans et à l’initiative de cette programmation, réunissent autour d’eux :
• François Veyrunes - Chorégraphe, créateur sonore et directeur artistique de la compagnie 47·49
Dans l'intensité augmentée du présent de l'action
"La résonance est une manière non agressive d'être au monde : quelque chose vient à ma rencontre, me touche et me transforme." Hartmut Rosa
Nous nous interrogerons lors de ce séminaire sur les vertus d'être au plus près de "l'intensité du présent de l'action". En saisir toute sa densité, toute sa saveur. Le cadre de ces réflexions est proposé à partir de la position de chorégraphe. Elle est bien sûr subjective et n'entend asséner aucune vérité.
"Accepter de se regarder soi pour regarder le monde" (Jean-Luc Lagarce, Du Luxe et de l'Impuissance) conduit l'être humain à descendre en lui-même en conscience. Cette exigence interroge sa propre responsabilité d'Être. Regarder avec courage, agir avec ténacité, en être humain debout. Faire face à ses tensions, aux vains rapports de force qui le projettent au dehors et "défont" société. L'être humain est pris en tenaille par ses forces contradictoires, elles l'envahissent, participent ainsi à sa propre fragmentation, son éclatement, l'entraînant vers une forme d'errance, en exil de lui-même.
Et si la folie des hommes était de se comporter toujours de la même façon en espérant s'attendre à un résultat différent (Albert Einstein) ?
Transposé dans notre approche chorégraphique, nos processus de recherche s'appuient sur un travail gravitaire convoquant les artistes au plateau dans une "conscience augmentée" entre terre et ciel, ancrage et suspension, sans se départir d'une sensibilité extrême au monde. C'est un engagement radical. Il implique tout le corps et tout l'esprit. C'est à ce point de singularité que je questionne le libre arbitre, les responsabilité (capacité à répondre de) et l'intégrité (articuler, penser, dire, faire).
Accueillir et ne pas subir, accueillir et rester digne sont des aspirations viscérales devenues au cours du temps des enjeux de création, conjugués à des enjeux de société, touchant à la fois l'individu et le collectif.
L'exploration chorégraphique est menée à partir d'une archéologie du sensible depuis l'intérieur de l'être jusqu'à la cellule, l'infiniment petit. Cette recherche se déploie en synergie avec les artistes au plateau, comme avec autant de corps porteurs de sens, autant de chambres d'échos dynamiques révélatrices de ce mystère du vivant. Un acte après l'autre, un défi à relever à la fois, dans l'intensité augmentée du présent de l'action.