Conférence d'Amélie LABOURDETTE
Conférence proposée par Tristan Trémeau, professeur TALM-Tours.
La conférence aura lieu le mercredi 17 février 2021 à 18 h 00, en visioconférence via Microsoft Teams. L'inscription est gratuite et ouverte à tou·tes.
Lien de la visioconférence ici
Lors de cette visio-conférence Amélie Labourdette présentera son dernier travail photographique KÓSMOS, pluralité des mondes comme bibliothèque Aby Warburguienne réalisé entre 2017 et 2019 dans le sud-ouest des États-Unis, sur un territoire qui inclut les Fours Corners (Arizona, Colorado, Nouveau-Mexique et Utah) jusqu’au sud-ouest du Texas. Dans cette conférence, elle développera également les problématiques qui sous-tendent ce travail. L'œuvre d’Amélie Labourdette, se déploie à travers l’exploration de récits mineurs qui remettent en question les formes hégémoniques du savoir et de représentation du monde, et qui interrogent l’histoire post-coloniale, l’écologie, à l’ère du capitalisme. Elle envisage la diversité des cosmovisions comme des lieux de savoirs propices à la ré-imagination et à la refondation de récits offrant une alternative à la modernité occidentale et permettant d’explorer de potentielles recompositions du monde où l’humain se repositionnerait à l’intérieur d’un dynamisme relationnel avec les non-humains et le cosmos.
Par la saisie d’indices dans le paysage, Amélie Labourdette développe une lecture perspectiviste du sud-ouest des États-Unis, territoire multi-mémoriel, en associant une analyse anthropologique à une poétique subjective des images. Elle envisage avec Kósmos l’étrangeté primordiale de notre « environnement » terrestre, perçu comme un monde crypté, et tente de rendre compte de la relation de l’humain à la biosphère terrestre et au cosmos. Kósmos se fait le miroir des savoirs ancestraux des populations natives des Fours Corners mais également des recherches scientifiques contemporaines, telles que l’astronomie ou l’écologie, ainsi que des projections «utopiques» ou des impacts environnementaux, manifestations d’une modernité traversée d’hubris.
Les Pueblos (Hopis, Navajos, Zunis, Acoma, Keres, Tewa, Tiwa, Towa) et les peuples natifs du sud-ouest américain ne considèrent pas l’espace et les êtres qui y vivent comme des objets matériels qu’ils peuvent posséder, contrôler ou vaincre. Ils ont développé des savoirs liés à l’astronomie, d’où résulte à la fois une perception du cosmos où toutes les entités le constituant sont en interrelation et une conception du temps circulaire, où les catégories du passé, du présent et du futur ne se succèdent pas nécessairement, mais s’entremêlent, s’éclairent mutuellement et coexistent.
Kósmos est une constellation où le monde composé d’humains et de non-humains, animaux, végétaux, monde minéral et céleste, est abordé dans un tissu de relations, sous la forme de différentes mises en regard analogiques et poétiques de cosmovisions et de strates temporelles. Procédant par association analogique de représentations et de sens, Kósmos convoque la bibliothèque d'Aby Warburg. L'historien d’art considérait sa bibliothèque et son agencement comme un « espace de pensée » [Denkraum], celle-ci faisant également référence par sa forme semi-elliptique, aux Kivas, « espaces de contemplation » [Andachtsraum] et modèles réduits de la cosmologie des peuples Pueblos.
Artiste visuelle, photographe.
Née en 1974, Amélie Labourdette vit et travaille à Paris.
Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Nantes, Amélie Labourdette à été bénéficiaire de nombreuses bourses de recherche et de production et son travail a été présenté dans plusieurs expositions en France et à l’étranger. Depuis 2015, elle réalise des résidences artistiques en Italie du sud, en Tunisie et aux États-Unis, qui lui permettent de développer ses projets.
En 2016, elle est lauréate du Sony World Photography Awards dans la catégorie Architecture, avec sa série Empire of Dust.
En 2017, elle est obtient la bourse de Soutien à la photographie documentaire contemporaine du CNAP pour son projet Traces d’une occupation humaine réalisé dans le bassin minier d’extraction de phosphate de Gafsa, aux portes du désert tunisien.
De 2017 à 2019 elle réalise le projet KÓSMOS – Pluralité des mondes comme bibliothèque Aby Warburguienne aux États-Unis dans les États du Texas, du Nouveau- Mexique, de l’Arizona, du sud Utah et du sud Colorado, lors de deux séjours: en février 2017 grâce à une bourse de Sony et en mars 2018, suite à l’invitation en résidence à Marfa (Texas) de l’École des Beaux-Arts de Nantes / Saint-Nazaire. En 2020, elle est sélectionnée parmi les 10 finalistes du Prix Découverte Louis Roederer des Rencontres d’Arles 2020.
Elle est représentée par la Galerie Thierry Bigaignon, Paris, France.