Emma Auger
TALM-Tours, 2025
DNSEP Conservation-restauration des biens culturels spécialité Œuvres sculptées
Admise avec félicitations
François MONCHÂTRE (Coulonges-sur-l'Autize, 1928 -), Le Combat des Amazones, œuvre électro-mécanique à activation manuelle, 1982, bois, alliages ferreux, zinc, laiton, tissus, cuir, plastique, H. 148 cm ; L. 117 cm ; Pr. 37,5 cm, Laval, musée d’Art naïf et d’arts singuliers, inv. 1987.37.80.
Responsable de l’œuvre : Marie Ely, Conservatrice du patrimoine, musées du Mans.
Personne ressource : Claude Guéniffey, automaticien
Le Combat des Amazones est une sculpture électromécanique réalisée par François Monchâtre entre 1981 et 1982. Elle s’inscrit dans la démarche de l’art singulier, mouvement en marge des circuits officiels, qui valorise la spontanéité, l’humour, la poésie et le bricolage. Monchâtre, artiste autodidacte, crée des machines poétiques à la fois critiques et oniriques, influencées par son enfance fascinée par la mécanique agricole, le théâtre de marionnettes et les objets animés.
L’œuvre met en scène une bataille entre amazones armées chevauchant un dragon et des figures grotesques et menaçantes. Le récit se déploie sur plusieurs niveaux narratifs, dans une structure en bois ornée d’éléments mobiles, lumineux et sonores. Cette composition foisonnante évoque à la fois une mythologie revisitée, une satire sociale et un théâtre mécanique miniature. L’interactivité par activation manuelle et lumineuse est au cœur de l’œuvre.
Le Combat des Amazones est constitué d’une grande diversité de matériaux : bois, métaux ferreux et non ferreux (laiton, plomb, fer, zinc, cuivre), textiles, cuir, verre, et plastiques (PVC, caoutchouc, SBR). Cette hétérogénéité rend l’œuvre particulièrement fragile et complexe à restaurer.
Sa dimension électromécanique pose des problématiques spécifiques en conservation- restauration : comment préserver ou restituer un fonctionnement sans trahir l’œuvre ni compromettre sa stabilité ? Le système mécanique repose sur une manivelle entraînant une série de courroies réparties sur deux étages, animant les personnages. Le système électrique, lui, alimente des ampoules à incandescence par un transformateur d’origine devenu obsolète.
L’œuvre souffrait d’un empoussièrement généralisé, de courroies détendues ou rompues, de métaux corrodés, d’un transformateur inutilisable et de matériaux organiques fragilisés. Le traitement a consisté à nettoyer l’ensemble des matériaux selon leur nature, à remplacer ou retendre les courroies, à nettoyer et lubrifier les axes mécaniques, et à mettre en sécurité le circuit électrique par dérivation. Ces interventions ont permis une remise en fonctionnement sécurisée, respectueuse de l’intention de l’artiste et des exigences déontologiques du métier.
Jury DNSEP CRBC 2025 : Valérie Gaudard, Présidente du jury (Conservatrice générale des monuments historiques, DRAC Pays de la Loire) ; Isabelle Warmoes (Conservatrice du patrimoine, Directrice, Musée des Plans-Reliefs) ; Anne Michelin (Maître de conférences du Museum national d’Histoire naturelle au sein du Centre de recherche sur la conservation) ; Lucie Pieri (Conservatrice-restauratrice de sculptures, responsable de la Restauration, Ville et Eurométropole de Strasbourg) ; Fulbert Dubois (Conservateur-restaurateur et enseignant à TALM-Tours mention CRBC spécialité Œuvres sculptées)