Anthropocène : usage et mésusage du monde
La configuration (humaine) du monde. Enquête en anthropocène. Formes, supports, cadres, conducteurs et lampistes
Séminaire ouvert à tou·tes
Dans le cadre de la mention Design et territoire(s), Miguel Mazeri et Rachel Rajalu, professeur.e.s à TALM-Le Mans organisent le séminaire Anthropocène : usage et mésusage du monde. Ce rendez-vous se tiendra le dernier jeudi de chaque mois, tout au long de l'année universitaire. L'accès au séminaire est libre, dans la limite des places disponibles.
Anthropocène : usage et mésusage du monde
L’inquiétude que fait peser un mode de vie « hyper matérialiste » et « hyper capitaliste » (Tim Kasser et Larry Gonick) sur le devenir humain à l’échelle mondiale et que révèle stratigraphiquement l’anthropocène nécessite une prise en charge méticuleuse de nous tous afin de ne pas se laisser écarter des expertises ou des débats - car submergé, déconcerté ou tout simplement sidéré par les perspectives alarmistes et catastrophistes que cette nouvelle ère géologique fait remonter. Avec son échafaudage scientifique récent, et indépendamment de son contenu et de ses thuriféraires, la notion, chiffres à l’appui, souligne un point de non-retour et un déséquilibre durable des grands cycles biologiques de la planète rendant par là-même incertain le destin humain. Les méprises de certaines entreprises humaines sur le monde firent pourtant régulièrement débat, au moins depuis la controverse de Valladolid en 1527. Depuis, l’invalidité des formes du projet occidental moderne n’a fait que se renforcer. Ce qui semblait il n’y pas encore si longtemps soutenable ne l’est plus. Sur la planète, la perception de l’urgence est inégalement répartie, inégalement ressentie et a fortiori inégalement traduites de faits et gestes. Les climatosceptiques ne sont pas ceux qui souffrent du manque d’eau. Des palliatifs construisent et confortent leur cécité et leur surdité. Il peut y avoir une dissonance cognitive entre le fait de penser l’urgence et les modes de vie associés sans y être directement contraint. Pour certains îliens, pour les migrants climatiques, politiques et économiques, les conséquences des désordres causés par l’hégémonie d’une économie de marché ultralibérale à la fois inique et dispendieuse sont leur lot quotidien. Ils tentent de fuir l’inhabitabilité de leur terre et cherchent refuge ailleurs.
un séminaire en trois volets
Ce séminaire abordera l’anthropocène comme une configuration possible du monde à expliquer et à questionner. Il s’étalera sur trois ans à raison d’un rendez-vous par mois.
La première année le séminaire intitulé : La configuration (humaine) du monde. Enquête en anthropocène. Formes, supports, cadres, conducteurs et lampistes, s’attèlera à cartographier et topographier la notion d’anthropocène à l’instar d’un territoire que l’on pratique avec son relief, ses modes d’exposition, ses forces, son histoire, ses porte-voix comme ses habitats. C’est donc un voyage au pays de l’anthropocène que nous proposons.
La seconde année, nous penserons l’anthropocène et la configuration du monde à partir de nos expériences pédagogiques et de l’école comme milieu. Ce second séminaire intitulé La (re) configuration du monde. L’entremise pédagogique. L’école comme milieu, viendra présenter et discuter d’actions, montages et autres appareillages pédagogiques en liens directs avec les actions que nous mènerons sur le territoire.
Enfin, la troisième année du séminaire intitulée La (re)configuration du monde. Plaidoyer pour une résonance heureuse, sera consacrée à tirer l’enseignement des deux années précédentes en discutant et dépliant la proposition du sociologue Hartmut Rosa de penser notre rapport au monde à travers la notion de résonance. Cette notion constitue une invitation au décentrement du sujet et permet, selon l’auteur, « d’accroître notre puissance d’agir et, en retour, notre aptitude à nous laisser prendre, toucher et transformer par le monde. Soit l’exact inverse d’une relation instrumentale, réifiante et muette, à quoi nous soumet la société moderne ». C’est bien là un autre moyen de penser l’écologie et d’y conformer nos actions.
Des acteurs du territoire invités
Afin de comprendre comment sont investies les questions écologiques dans les formes de vie actuelles, nous accueillerons, lors de ce séminaire, des acteurs soucieux d’établir un lien entre leurs activités professionnelles, leur vie personnelle et les enjeux environnementaux de notre temps. Ces témoins (agriculteurs, apiculteurs, artistes, conservateurs, designers, magistrats, gestionnaires des eaux et forêts, par exemple) raconteront leur mode d’engagement spécifique ainsi que les expériences liées à leurs pratiques. Ces récits de vie permettront d’appréhender les manières dont s’articulent et/ou entrent en conflit écologie et existence d’une part et d’imaginer ensemble de nouvelles façons d’habiter notre Terre d’autre part.
le progamme des séances
Séance 1 : Anthropocène : un mot peut-il tout faire comprendre ? – jeudi 26 septembre 2019 - 18 h 00 - Auditorium du Carré Plantagenêt - invitée : Noémie Sauve, artiste ;
Séance 2 : Les formes de vie et leur pouvoir de réinvention - jeudi 24 octobre 2019 - 18 h 00 - Théâtre des Quinconces, Petit Théâtre - invité ; Michel Meunier, apiculteur, La Maison des abeilles 72 ;
Séance 3 : Introduction à l’histoire environnementale : depuis quand les arbres empêchent-ils de voir la forêt ? - jeudi 21 novembre 2019 - Théâtre des Quinconces, Petit Théâtre - invité·es : John Jordan et Isabelle Frémeaux, artistes ;
Séance 4 : L’éthique du care face à l’ampleur de la crise environnementale - jeudi 19 décembre 2019 - 18 h 00 - Auditorium du Carré Plantagenêt - invités : Simon Gauchet, artiste et Éric Aubry, directeur de la Paperie, Centre National des Arts de la Rue de Angers ;
Séance 5 : "À bout de souffle" : comment éviter que l'économie du XXIe siècle ne conduise à une tragédie ? - Miguel Mazeri - jeudi 23 janvier 2020 - 18 h 00 - Auditorium du Carré Plantagenêt - invité : Arnaud Orain, enseignant-chercheur en histoire et économie – Université Paris 8 ;
Séance 6 : Reconnaissance et protection des formes de vie animales et végétales, faut-il en passer par le droit ? - Rachel Rajalu - jeudi 20 février 2020 - 18 h 00 - La Fonderie - invité : Nicolas Césard, chercheur en anthropologie et en ethnobiologie – CNRS/Museum national d’Histoire naturelle ;
Séance 7 : La démocratie à l’épreuve de la crise écologique, vers de nouvelles configurations politiques - Rachel Rajalu - jeudi 29 octobre 2020 - 18 h 00 - Le Carré Plantagenêt - invitée : Anahid Roux-Rosier, doctorante en philosophie à l'Université Lyon III - Jean Moulin, laboratoire IRPHIL ;
Séance 8 : “Perdre la terre” : comment la littérature participe-t-elle à éclairer les enjeux écologiques ? - Miguel Mazeri - 26 novembre 2020 - 18 h 00 - En distanciel - invitée : Raphaëlle Guidée, enseignante-chercheuse en littérature comparée – Université Poitiers.
Séance 9 : L'art de la fugue en anthropocène - Miguel Mazeri et Rachel Rajalu - jeudi 28 janvier 2021 - 18h - En distanciel