Portrait d'agent | Zoé Labbé, technicienne bois et métal
Qui n'a jamais entendu parler des "Beaux-arts" ? Ce terme, rarement dénué d'une connotation classique, résonne en échos avec "dessin", "peinture" ou "académique". Au Mans, l'école fondée au 19e siècle est devenue une École supérieure d'art et de design. TALM-Le Mans propose aujourd'hui un enseignement théorique et technique pluridisciplinaire. Dès la première année, les élèves sont initi·ées à de nombreuses pratiques et peuvent compter sur une équipe de professeur·es et de technicien·nes expérimenté·es. Rencontre avec l'une d'entre eux, Zoé Labbé.
Technicienne à TALM-Le Mans depuis la rentrée 2022-2023, Zoé Labbé est en charge des ateliers volume, métal et bois. Elle s'occupe à la fois des ateliers (gestion des stocks, entretien des outils et machines, rangement) et de l'initiation technique auprès des élèves.
Le tour de France
Lorsque Zoé Labbé a rejoint TALM-Le Mans en septembre, ça n'a pas été une découverte, mais bien une redécouverte.
Arrivée comme étudiante en 2013 à l'École, elle en ressort trois ans plus tard avec un DNA design d'espace en poche, direction les quatre coins de la France.
Elle valide un CAP en métallerie puis intègre les Compagnons du devoir. Son parcours l'amène a travailler dans l'ameublement bois et métal en région parisienne, à Strasbourg pour la menuiserie métallique, à Lyon sur les décors de l'opéra ou encore en Angleterre pour la restauration de vieux ouvrages en laiton ou en forge, exportés jusqu'au Japon et aux États-Unis.
L'envie de fer
Ses valises posées en Bourgogne, elle découvre par hasard l'annonce de TALM-Le Mans et se décide finalement à repartir. Elle retrouve ses ateliers dont l'atelier métal, dans lequel elle s'était découvert une passion pour le travail du fer, quelques années plus tôt. Elle qui avait encadré des jeunes durant son compagnonnage renoue aussi avec l'enseignement :
"J'aime bien ce rôle de transmission, c'est donc un peu une continuité. Mais ici les élèves n'ont pas de notions techniques, il faut donc les leur amener".
Hasard ? Lorsque Zoé Labbé était étudiante à l'École, son envie d'apprendre de nouvelles pratiques techniques était insatiable. Elle avait de son propre avis "beaucoup de mal avec cette notion très conceptuelle de l'art". En rejoignant l'équipe pédagogique, elle espère apporter aux élèves un bagage technique solide pour le travail du métal et du bois.
"La technique c'est important aussi, cela ouvre plein de portes et donne de la crédibilité quand on est artiste ou designer, que l'on connaît les matériaux".
Son expérience parle : elle a travaillé dans des ateliers aux côtés et au service de designers reconnus. De son avis, elle a pu atteindre cela grâce à sa technique qui constitue "un autre chemin possible, qui a toute sa place dans une école d'art".
Des étincelles dans les regards
Dans l'École, il n'est pas rare de voir des vas et viens dans l'atelier bois et volume. Ses grands établis et l'atmosphère boisée y confèrent une ambiance chaleureuse. Plus froid et composé de machines énigmatiques pour qui n'y a pas été initié, l'atelier métal attire moins. L'une des missions que s'est donnée Zoé Labbé, c'est de rendre autonomes les élèves pour qu'ils se l'approprient :
"Il est important qu'ils n'aient pas peur. Les machines, les étincelles ont un côté très impressionnant, mais il n'y a rien de super dangereux, dès lors qu'on a les bases et qu'on se protège bien. C'est à la portée de tout le monde. Quand ils découvrent ce qu'on peut y faire, ils sont très enjoués".
Disposer d'autant d'équipements, c'est aussi "une chance" pour elle qui assure avoir travaillé "dans des ateliers professionnels où il n'y avait pas autant de machines". Elle prévient : "ils n'auront presque ça nulle part".
Zoé Labbé se réjouit de pouvoir faire découvrir aux élèves les possibles qui s'offrent à eux dans les ateliers bois, métal et volume et de les accompagner dans leurs réalisations artistiques.