Et si des dalles de bétons s'élevait le spectre d'une année zéro ?
Rue sur vitrine 2019
TALM-Angers a accueilli à Rue sur vitrine du 10 au 25 octobre 2019 le collectif OKZK.
OKZK – Nelson Chouissa et Eloi Jacquelin (diplômé TALM-Angers) – est un binôme d’artistes contemporains basé entre Angers et Paris depuis 2015. Le collectif questionne un rapport au lieu qu’il soit expérimental ou narratif dans une approche mêlant analyse de terrain, essai fiction et création numérique.
Pour sa seconde exposition, OKZK investit la galerie Rue sur Vitrine des recherches menées depuis 2 ans autours de quatre zones présentes en périphérie des villes d’Angers, Laval, Sarcelle et Evry.
Née d’une pratique du road-trip périurbain et d’une réflexion sur le potentiel fictif des zones sans qualité, l’exposition Et si des dalles de béton s’élevait le spectre d’une année zéro ? se place à mi-chemin entre anthropologie urbaine et construction d’un paysage crypté.
Basé sur l’étude des friches et leur évolution, elle trace les grandes lignes d’un programme centralisateur et chaotique. Au travers d’algorithmes, de témoignages irréels, de vidéos et de dessins numériques, OKZK propose l’exploration d’un futur dépeuplé.
ET SI DES DALLES DE BÉTON S’ÉLEVAIT LE SPECTRE D’UNE ANNÉE ZÉRO?
Du déclin naît la friche, de l’aplanissement émane l’attente, du projet croît l’illusion d’un béton expiatoire. On ne peut réactiver que par une destruction méthodique : les états se succèdent en ordre déterminé, les spectres-totémiques balisent les friches, le souvenir du lieu se cache dans la fine épaisseur du paysage. De la brume vient la cendre.
Les friches obéissent à une logique cyclique, une lente mécanique de désincarcération urbaine. À quel programme centralisateur appartiendraient-elles, peut-on créer une archéologie des zones sans qualités? Les relevés topographiques mentionnaient des “déblais divers”, “excavations géométriques” et “végétation carcérale” mais ne semblait pas pour autant permettre de déduire une utilité à la zone.
Dès lors, elle ne pouvait appartenir qu’à un plus vaste modèle, structuré et entraîné dans un objectif d’effondrement linéaire. Les zones étaient ainsi identifiables, il suffisait d’en suivre les sillons charbonneux pour passer de l’une à l’autre, traversant tel des spectres l’ombre des maisons témoins.
Nelson Chouissa
Nelson Chouissa interroge ville et virtuel ; développant un univers où l’humain disparaît au profit d’architectures stars et d’une technologie dystopique. Cherchant les limites du numérique et les grincements de l’architectures, il produit des images torpillées par les glitchs, crée des programmes générant des paysages nihilistes et transforme les espaces en nonlieu narratif.
Nelson Chouissa est titulaire d’un DNAP obtenu à l’école des Beaux-Arts de Nantes, et d’un Master en imagerie Numérique et interactivité à la faculté de Science de Nancy.
Eloi Jacquelin
Eloi Jacquelin développe un univers spectral composé d’images numériques, de retranscriptions dissonantes et de scénarios patchés. Sa production relève d’un système de narration dessinée, mise en espace et traduit sous différents états - pictural, manuscrit, sculptural et musical.
Il interroge les rapport temporel du récit à travers la notion de huis-clos où montage cinématographique et réactualisation des mythes cohabitent sous forme de séance minutée. Les mécanismes de mises à mort et de déshumanisation y sont étudiés et témoignent de la traversé d’un monde altéré.
Eloi Jacquelin est titulaire d’un DNSEP obtenu à TALM-Angers.