Perrine Lancien
TALM-Angers, 2023
DNSEP Art
Admise avec mention
pour la spectralité
Le mémoire et le diplôme de Perrine Lancien sont nés d’une même obsession : la quête sans fin d’une présence inexistante à travers l’image et le souvenir. Au cœur de son mémoire, cette quête de présence s’est amorcée par une analyse de certains objets du quotidien. Le constat est simple : Perrine Lancien porte généralement des habits transmis ou offerts par son entourage. Partant de ce constant, elle s’est mise à exhumer des strates de souvenirs qui semblaient se cacher dans les plis et replis de ces mêmes vêtements. Les souvenirs apparaissent comme des bribes de brouillard qui se superposent et s’accumulent. Réminiscence d’une Bretagne natale et de ses légendes. Évocations de ses lectures fantastiques de Lovecraft ou des photographies brumeuses de Dirk Breakman. Ce tout constitue : les paysages mémoriels. Ces paysages qui sont soumis au temps et fatalement, à l’oubli. Pour en rendre compte, Perrine Lancien multiplie les expérimentations photographiques qu’elle restitue par la superposition d’images, le transfert acétone et l’usage du verre, se plongeant ainsi dans cette recherche de matières et de sentiments. Concept que le photographe russe Alexey Titarenko décrit si bien : « Il semblait que derrière les bâtiments, les arbres, certains objets de la rue, il y avait quelque chose de magique. Un désir ardent de voir l’aspect caché des choses m’envahissait. Dans ces moments-là, je sentais une invitation à découvrir une substance inconnue, matérielle ou spirituelle. »
C’est bien là tout le sens de son travail plastique. Garder en image les lieux qui restent, lorsque les moments disparaissent, en tirer des substances qui sont encore inconnues. Les utiliser jusqu’à ce que le lieu tende vers sa dissolution en un lieu autre. Que les mémoires s’effacent, que l’imaginaire émerge, en bref, jusqu’à ce que le réel devienne chimérique.