Estampes
Productions des cours publics 2021-2022
Les élèves des cours publics d’estampe de l’ESAD TALM-Angers quittent la table d’encrage pour les blanches cloisons de la tour Saint-Aubin. Une exposition de monotypes, gravures et lithographies ; regard complice entre novices, aînés de l’atelier, monitrices et enseignants.
Il est heureux de retrouver en ces lieux de simples souvenirs.
Le simple souvenir
d’une intention passagère devenue obstination.
d’un bouquet rouge au creux d’une bibliothèque.
d’une rencontre amicale sous l’oeil de ses aînés.
d’un corps donné à soi-même.
d’une odeur d’encre qui sèche dans un coin,
de celle laissée là
des papiers sur les fils, au travers desquels passent les rayons
d’un soleil en déclin.
d’un sifflement tiré du fond de l’atelier, de bien d’autre
qu’un rouge gorge.
du débat sur la teinte de couleurs encore trop terne.
d’une faim tenace qui vous attrape avant la fin.
de donner cours à un professeur.
de l’inquiétant grincement de presse.
d’une recherche, d’une direction vers quelque chose que
l’on veut connaître.
d’un accent qui proclame je m’appelle, je suis là.
de celui d’un souffle léger.
d’un business qui s’installe sans exagération.
d’un brin de paille creusé dans le vif.
d’un architecte qui se dévergonde.
d’une terreur passée morphée en bonne humeur, l’une
l’autre, main dans la main, ne s’oubliant pas.
d’un air de campagne en ville, rappelant cette fable
d’enfance.
d’un ciel coupé en deux, découvert par ceux qui le
regardent encore.
d’une vieille voiture qui peine à démarrer le soir.
d’un esprit taquin au sujet de cette gourde.
d’un rappel sur la porte laissée ouverte, sous un froid de
printemps pas tout à fait installé.
d’un sage doute, d’un jeune soubresaut.
d’une maladie malheureuse ne dissuadant jamais de repasser
dire bonjour.
d’un joyeux banquet désorganisé.
d’un déchainement nouveau à l’aquawash.
d’une précaution oubliée au sein de l’atelier.
d’une assurance à la drôle de vue.
d’un phare bleu guidant la nuit.
de la courbe d’un château aux tours pourtant bien droites.
d’un besoin de temps pour travailler durant une retraite
bien méritée.
d’une manivelle que l’on se rappelle avoir tournée.
d’une table parfois trop petite qui aurait pu accueillir la
terre entière, pour peu qu’elle soit couchée sur du papier.
de ces stratifications noires, si difficiles à dompter.
d’un poète insoupçonné.
d’un narcos planqué dans sa boite mail.
d’un film de danse que j’aurais dû voir au cinéma.
d’une représentation où on ne s’est croisé que de loin.
d’un psychologue coloré aux cheveux noir et blanc.
L’on me soupçonnera d’Alzheimer de ne pas avoir pensé à cette fois
où.
Mais dites vous que ces souvenirs ne sont pas si lointain, et qu’à
porter de main - un jour - reprendront leur chemin.
Il est temps pour moi de partir, de trouver place ailleurs, mais
comme vous pouvez le constater je resterai toujours un peu ici.
Hugo Desnos – Artiste, diplômé de TALM-Angers