Séminaire Anthropocène : Ouverture de l'opus 3
« Résonance(s) : plaidoyer pour des espaces et des temps de recomposition de notre être-au-monde.»
Séminaire ouvert à tou.te.s
Dans le cadre de la mention Design et territoire(s), Miguel Mazeri et Rachel Rajalu, professeur·es à TALM-Le Mans organisent le séminaire Anthropocène : usage et mésusage du monde. Ce rendez-vous se tiendra le dernier jeudi de chaque mois, tout au long de l'année universitaire à compter du jeudi 28 octobre.
Les conférences se dérouleront à l'auditorium du Musée Jean-Claude Boulard - Carré Plantagenêt et seront également accessibles via l'application Microsoft Teams, pour obtenir le lien vous pouvez nous adresser un mail à cette adresse : contact-lemans@talm.fr.
ANTHROPOCèNE : usage et mésusage du monde
Le séminaire de recherche intitulé « Anthropocène : Usage et mésusage du monde » arrive à sa troisième et dernière année. Depuis ses débuts, l’ambition de ce séminaire est de donner à tout un chacun une opportunité de saisir (identifier les éléments structurants de ce nouveau récit et appréhender ses effets sur notre vision du monde) et se saisir (pouvoir y construire, en prenant une juste distance critique, sa propre modalité de pensée et d’action) d’une notion qui s’est imposée dans le débat public depuis une dizaine d’années. Par ses orientations, le séminaire s’inscrit dans une perspective de théorie critique (expliquer et dénoncer) et de recherche-action (partir de la pratique, enquêter).
L’anthropocène décrit une dégradation irréversible, suffisamment rapide et inédite des conditions de vie humaines et non humaines sur la Terre au point de rendre perceptible ce déclin et, aussi stupéfiant que cela puisse paraître, rendre vraisemblable l’imminence de notre propre fin. Ces récits hors normes qui relatent les dérèglements climatiques et les catastrophes humaines à répétition qui s’y rattachent posent de très nombreux défis, notamment celui de faire émerger au sein de procédés complexes de traduction et d’interprétation qui reposent sur des visions du monde hétérogènes, une cause et des modalités d’actions unanimement partagées.
Nous nous sommes attelés la première année à décrire la notion, l’espace disciplinaire auquel elle se rattache, ses porteurs et ses montages dans les différents champs académiques, à présenter les enjeux et les controverses qu’elle n’a pas manqué de susciter au sein des humanités ainsi que les déplacements et les élargissements de points de vue qu’elle a permis d’opérer.
La deuxième année nous a permis d’aborder le registre des modalités d’action pédagogique mise en place dans les écoles d’art, de design, de paysage et d’ingénieur, registre dans lequel la notion d’anthropocène pouvait plus ou moins explicitement renvoyer.
OPUS 3 « Résonance(s) : plaidoyer pour des espaces et des temps de recomposition de notre être-au-monde.»
Pour ce dernier volet nous proposons de poursuivre notre enquête du côté des projets artistiques et poétiques pris au sens large en interrogeant leur capacité à nous (re)mettre en relation avec le monde, en
« résonance » pour reprendre la terminologie au sociologue et philosophe Hartmut Rosa, c’est-à-dire en capacité de nous faire accéder « à une vie meilleure (reposant sur) un accord entre le monde tel qu’il est et l’existence telle qu’elle mérite d’être vécue ».
En proposant de prendre à témoin différentes propositions plastiques travaillées/traversées par les questions écologiques, nous nous demanderons dans quelle mesure elles peuvent renvoyer aux caractéristiques que le philosophe donne de la résonance. Elles sont au nombre de quatre :
1- Le moment de contact, de l’affection, de l’interpellation avec un fragment de monde (une voix, un lieu, une chose, une situation) qui nous fait face et qui nous touche au-delà d’un aspect purement instrumental et dont nous nous sentons destinataires. Dans ce contact se joue quelque chose d’essentiel ;
2- Le moment de l’efficacité personnelle, c’est le moment de la réponse en quelque sorte à l’interpellation qui se traduit par une réaction émotionnelle, c’est-à-dire un trouble qui se donne à voir de l’extérieur par une réaction physiologique. Pour cela il faut être en capacité de répondre et donc d’atteindre/de se laisser atteindre par ce qui nous fait face (par exemple, être atteint par une voix et en éprouver l’efficacité, c’est-à-dire, porter et être porté par cet échange).
Ce moment d’efficacité personnelle peut être relié à un autre terme, celui d’imprégnation ;
3- Le moment de l’assimilation du sujet (transformation dans et par l’expérience), c’est le moment où s’opère une modification de notre relation au monde, une transformation dans laquelle réside selon Rosa « l’expérience de la vitalité », de l’ouverture (étonnement) permanente et itérative au monde en train de se faire et qu’il traduit comme ceci : « La montagne sur laquelle je suis monté n’est pas la même (pour moi) que celle que j’ai seulement vue à bonne distance ou à la télévision ». Pour s’approprier pleinement une chose (l’assimiler au sens de Rosa) il faut pouvoir réunir l’affection (on est touché par quelque chose), l’émotion (comme réponse personnelle dans laquelle se place une relation) et la transformation. Sans cela l’appropriation est une relation faite d’absence de relation. Cette triade garantit notre ouverture et notre efficacité pour y œuvrer avec perspicacité ;
4- Le moment de l’indisponibilité. La résonance échappe à toute programmation instrumentale et est imprédictible sur le sens et les effets de notre transformation. Elle est en tension avec ce qui est nous est donné, mais aussi avec la façon dont nous cherchons à y agencer nos propres places.
DES ACTEURS DU TERRITOIRE INVITÉS
Afin de comprendre comment sont investies les questions écologiques dans les formes de vie actuelles, nous accueillerons, lors de ce séminaire, des acteurs soucieux d’établir un lien entre leurs activités professionnelles, leur vie personnelle et les enjeux environnementaux de notre temps. Ces témoins (agriculteurs, apiculteurs, artistes, conservateurs, designers, magistrats, gestionnaires des eaux et forêts, par exemple) raconteront leur mode d’engagement spécifique ainsi que les expériences liées à leurs pratiques. Ces récits de vie permettront d’appréhender les manières dont s’articulent et/ou entrent en conflit écologie et existence d’une part et d’imaginer ensemble de nouvelles façons d’habiter notre Terre d’autre part.
LE PROGAMME DES SÉANCES
Séance 1 : jeudi 28 octobre 2021, de 18 h 00 à 20 h 00 – Auditorium du Musée Jean-Claude Boulard - Carré Plantagenêt et visio conférence teams
« Théâtre de paysage : de l’observation vers l’immersion. L’art participatif et la puissance d’agir. » par Kamila Mamadnazarbekova, Doctorante en études théâtrales, Université Sorbonne Paris 4 /Paris 6
Séance 2 : jeudi 25 novembre 2021, de 18 h 00 à 20 h 00 – Amphithéâtre de l'École supérieure d'art et de design TALM-Le Mans et visio conférence teams
« Vers une esthétique du vivant : quel rôle de l’art en temps d’extinction ? » par Joshua de Paiva, Doctorant en philosophie, Sorbonne Universités.