ANNULÉ - Conférence de Mathieu Pernot
L'Atlas en mouvement
Conférence proposée par Sandra Delacourt et Fred Morin, professeur·es TALM-Tours, dans le cadre du cycle de conférences "Ce qui nous lie".
L'Atlas en mouvement
« L’Atlas en mouvement » présente les travaux réalisés par Mathieu Pernot depuis plus d’une dizaine d’années avec des personnes migrantes et propose une nouvelle perspective dans la manière de les représenter. L’astronomie, la botanique, l’anatomie, la cartographie, l’histoire de l’écriture, la question de l’habitat sont convoquées dans cet atlas comme un savoir commun à l’ensemble de l’humanité. Un savoir commun qui se trouve ici incarné par des individus aux destins singuliers rencontrés par l’auteur.
Les planètes sont en mouvement perpétuel, les espèces animales migrent librement, les végétaux essaiment et envahissent les paysages alors qu’une partie de l’humanité se trouve contrainte et empêchée dans sa volonté de se déplacer. Refusant l’assignation à un territoire où il ne leur est plus possible de vivre, certaines personnes inventent de nouvelles circulations pour aller de l’avant. Le chemin est long et difficile, et nombreuses sont celles qui ne verront pas la fin du voyage.
Que peut-on imaginer, à partir des embarcations englouties par la mer Méditerranée ? Une forêt peut-elle garder la mémoire de ceux qui l’ont traversée ? Que peut nous dire le ciel de l’histoire de celui qui le regarde ? Comment habiter son corps, quand il faut quitter le lieu où il s’est lui-même construit ?
En réponse, Mathieu Pernot propose une nouvelle forme de récit, où l’histoire partagée se raconte à plusieurs voix. Mêlant photographies, vidéos, supports manuscrits, cartes et objets trouvés, l’atlas renverse le point de vue qui se pose sur les personnes migrantes. La plupart du temps sujets anonymes et anxiogènes du discours médiatique, ces individus sont ici nommés et inscrits dans le temps long de l’histoire des savoirs dont ils sont les dépositaires. De Mossoul à Alep, de Lesbos à Calais en passant par Paris, « L’Atlas en mouvement » traverse les temps et les territoires de l’exil et part à la rencontre de celles et ceux qui ont la force de l’espoir. Il met en mouvement les images et propose de créer un espace où représenter l’histoire fragile des migrants. Il nous dit que celle-ci s’inscrit dans une histoire commune qu’il faut écrire ensemble.
Mathieu Pernot
photographe
Mathieu Pernot est photographe. Il vit et travaille à Paris. Au cours des années 2000, il développe différentes séries consacrées à l’enfermement, l’urbanisme et la question migratoire. Son travail réalisé avec Philippe Artières sur les archives de l’hôpital psychiatrique du Bon Sauveur de Picauville (Manche) est récompensé par le Prix Nadar en 2013. En 2014, il reçoit le Prix Niépce, année où le Jeu de Paume lui consacre une exposition, La Traversée, retraçant vingt ans de photographies. En 2020, Mathieu Pernot publie Ce qu’il se passe. Lesbos 2020 aux éditions Gwinzegal. En 2022, il participe à la 12e Biennale de Berlin et il présente deux importantes expositions monographiques, « La Ruine en sa demeure » à la Fondation Henri-Cartier Bresson, et « L’Atlas en mouvement » au Mucem de Marseille.
Cycle de conférence "Ce qui nous lie"
Considérés comme désertés, esseulés, désaffectés, désaimés ou oubliés, les territoires ruraux sont depuis peu placés sous les feux de la rampe. À travers eux sont rejoués les mythes modernes de la frontière et de la conquête, qui voient en ces « campagnes », où il n’y a prétendument rien, un Eldorado à repeupler d’êtres autant que de récits et de nouveaux désirs. Au fil de ces conférences, nous tâcherons de reconsidérer cet imaginaire de la ruralité qui a produit, sur le temps long de la modernité, de nombreuses fractures dans le paysage et dans le corps social. Frontière à la fois géographique et temporelle, ces « spatialités du vide » ont façonné d’innombrables formes de relégation et de déclassement. Sous leur sceau dépréciatif furent regroupées les formes du vivant qui semblaient résister à tout idéal de progrès civilisationnel, culturel ou social, technique et technologique (ex : les sauvages, les colonisé.es, les femmes, les marginaux, les paysans, les primitifs, les animaux nuisibles, les espèces invasives, etc.). Avec nos invité.es, artistes et chercheur.es, nous allons donc travailler depuis ce vide présumé afin d’en sonder la topologie, les écosystèmes, les formes, les politiques, les émotions et les affects.