Les Rêves d'Alger : place à l'imaginaire
Quel devenir pour la place d'Alger au Mans ? Les étudiant·es du DNSEP Design & Territoires de TALM-Le Mans présentent leur travail au Hangar Crealab.
Proposer de nouveaux imaginaires
C'est au Hangar Crealab, un "espace projet œuvrant en faveur des arts innovants" situé place d'Alger, que les élèves du DNSEP Design & Territoires ont posé leurs valises pour une semaine. Ils·elles y présentent leurs idées et démarches pour penser les nouveaux usages de la place mancelle.
L'exposition et le travail réalisé au premier semestre s'inscrivent dans le cadre de la démarche expérimentale d'urbanisme transitoire piloté par Le Mans Métropole intitulée "Faire place".
Les élèves, accompagné·es par leur professeur Ronan Le régent, ont ainsi imaginé cet espace public de manière utopique, pour ramener par exemple la nature en ville. Le public est invité à venir découvrir ces propositions qui doivent aussi enrichir la réflexion des élu·es et urbalistes mobilisé·es sur le projet.
Présentation des projets :
- Coline Urbaine, Renaturation de la place d’Alger (Justine DUGUET)
Ce projet a pour but de réfléchir sur l’agencement d’une place et d’un parking en jouant sur les niveaux pour sortir de l’idée de la place « plate ». Le parking est modifié vers une forme demi-souterraine et la terre enlevée permet de créer une colline au dessus. Les noues entre cet ilot de verdure central et les trottoirs régulent l’eau et accueille une végétation marécageuse et dense en saison des pluies. L’accès à la colline se fait par des passerelles où des installations mobilières énigmatiques gréfées au dénivelé laissent à l’usager le soin d’en inventer l’usage (assises, jeux, estrades.)
- Les îlots d’Alger (Emma GARREAU)
La place d’Alger devient un archipel de différentes fonctions et usages. Chaque zone abrite des fonctions particulières et possiblement plurielles comme le kiosque – la réception des œuvres du Hangar Crealab, un jardin collectif – pour des actions de pédagogie environnementale, des espaces de jeux pour enfants et une zone pour assurer le tri sélectif…
- Aire de jeu (Baoliang WANG)
Le projet d’aire de jeux se développe sur une partie de la place d’Alger, laissant l’usage actuel de parking sur l’autre. La manière d’isoler cet espace de la ville et de ses bruits est d’enfoncer cette île (aux enfants) dans le sol. Ceci permet d’utiliser les pentes créées dans les propositions de jeux pour les enfants (toboggans, murs d’escalade...).
- Place Multi-espèces
Fissure urbaine pour une ouverture sur la présence végétale et la respiration des sols urbains
(Amélie GUILBERT)
Ce projet s’inspire des formes existantes de la place d’Alger ; des nombreuses fissures et adventices que l’on retrouve au sol. Cette identité de la place prend forme au travers d’une grande fissure qui évolue et grandit pour laisser place à la nature ordinaire.
Le lieu pourrait faire place à toutes formes de vies, humaines et non-humaines.
Ouverture du projet : les habitants pourront s’approprier la place, qui au fur et à mesure du temps, se végétalisera davantage, offrant la possibilités de cultiver, collectivement et pourquoi pas de créer des ateliers pédagogiques autour d’une sensibilisation à la nature ordinaire et aux plantes comestibles.
Le mobilier libre, évoquant la respiration du sol, s’inspire des racines du Cyprès Chauve que l’on retrouve au bord du bassin du Jardin des Plantes du Mans. Ce mobilier dialogue avec les fissures au sol puisque les usagers pourrons planter ce mobilier dans les fissures pour s’approprier l’espace. Ces actions auront un impact sur les fissures, créant un réel dialogue entre la place, ses usages et ses habitants.
Nous pourrions réutiliser l’asphalte soustrait pour créer des structures hospitalières pour les vivants non-humains (insectes) en créant des superpositions avec des végétaux. Quelques arbres fruitiers y seront plantés, accueillant une faune urbaine plus importante.
- La traversée (Bartelemy KOUAKOU)
Le projet développe deux grands axes : un principe de circulation via une promenade centrale encadrée par deux surplombs latéraux arborés qui offrent des espaces de ralentissement. L’ensemble de la proposition s’élabore à partir d’une fluidité formelle qui se retrouve jusque dans le mobilier urbain proposé.
- Plateformes (Noémie VINCENT-MAUDRY)
Ces dessins critiquent la culture hors-sol, et le besoin de retrouver une connexion au territoire et au sol. Ils requestionnent la place de la nature en ville. Et comment la végétation s’intègre dans les espaces publics. Et si nous arrêtions de poser des jardinières alignées pour définir les espaces. Les structures émergent du sol telles des arbres en forêt, il n’existe plus de voierie et de parking, la droiture des espaces public disparait au fur à mesure que les « arbres » poussent. Des plateformes s’entrecroisent et la rigidité des espaces urbains s’élèvent à la verticale.
« À peine achevées, les constructions de l’homme s’engagent dans un processus de dégradation irréversible. Leur inaptitude à évoluer les condamne, tôt ou tard, à la ruine. Lorsqu’une œuvre est achevée, elle est morte. » Le jardin en mouvement _ Gilles Clément.
Les plantes poussent et se bouscules, elles débordent et viennent prendre place et finissent par effacer les structures. Nous nous retrouvons dans une ville qui n’en est plus une. L’organisation maladive des espaces se retrouve oublié.
« Fréquemment, l’ordre est associé à la propreté. C’est une notion subjective qui n’a aucun sens biologique. » Le jardin en mouvement _ Gilles Clément.
La végétation devient « folle » elle sort des interstices, elle s’exprime et se libère. Nous finissons par vivre en mettant la nature au premier plan et nous nous adaptons à elle, les rôles s’inversent et les plantes finissent par nous co-domestiquer.