Le problème à 3 corps – Exposition à la Zoo galerie
10 diplômé·es 2024 de TALM-Le Mans, TALM-Angers et des Beaux-arts de Nantes
10 diplômé·es de TALM-Le Mans, TALM-Angers et de l'école des Beaux-arts de Nantes sont invité·es par la Zoo galerie à Nantes pour une exposition collective Le problème à 3 corps.
3 écoles, 10 diplômé·es, 1 exposition
Afin d’accompagner les artistes dans leur professionnalisation, la Zoo galerie, centre d’art contemporain basé à Nantes, consacre une exposition collective annuelle à 10 jeunes artistes. La galerie réunit autour d’une thématique commune, cette jeune scène artistique qui porte un regard nouveau sur le monde contemporain.
Toutes et tous sont diplômé·es d'un DNSEP en juin 2024 des écoles des Beaux-Arts de Nantes, de TALM-Le Mans et de TALM-Angers. La Zoo galerie a pu découvrir les artistes et leur travail lors des journées professionnelles organisées par le Pôle arts visuels des Pays de la Loire, tour à tour, dans chacune des écoles.
Diplômé·es exposant : Galiane Bergonzoli, Maxence Boudaud, Thibault Casteigts, Rafaël Cuenca, Clément Fayette, Laurie Lalizou, Maëlle LeDauphin, Mathilde Salic, Marguerite de Poret, et Ergüng Tüydas.
Le problème à 3 corps
Le problème à trois corps est un thème célèbre qui a animé le monde des mathématiques et continue à l’animer depuis qu’il a été mis en lumière et partiellement résolu il y a plus d’un siècle par Henri Poincaré. Ici, il est plus fait allusion à l’enjeu de rassembler neuf jeunes artistes issu·es de trois écoles différentes que l’on imagine procéder d’un enseignement singulier qui se manifesterait à travers une sensibilité et une pratique spécifique à ces écoles, de ces trois corpus de professeurs donc.
Au-delà de la référence à un enseignement qui produirait des artistes reconnaissables à leur école d’origine, comme c’était le cas d’un XIXe et XXe siècle où l’on pouvait reconnaître la filiation des maîtres, aujourd’hui cet aspect mimétique a largement disparu pour laisser place et mettre en valeur un enseignement qui donne la primeur à une autonomisation synonyme d’affirmation personnelle. Réunir ces neuf jeunes artistes dans une exposition collective revient donc à résoudre un problème à neuf corps plus qu’à trois… en réalisant une exposition qui respecte leurs singularités tout en produisant une certaine homogénéité, un paysage commun.
S’il fallait dégager des lignes de force de ces travaux, on pourrait déceler une nette propension à la rébellion ou du moins à la non-acceptation d’un état de fait qui se perpétue à travers les époques : la vidéo d’Ergün Tüydas, de par la forme du tutoriel s’adressant à chacun·e, met en relief l’individualisme dans la pratique artistique dite politique, mettant ici en exergue les violences de la police d’État, celles de Galiane Bergonzoli et Laurie Lalizou participent de la déconstruction de figures que l’on pensait intouchables, celles d’artistes mythiques dont le comportement à l’égard des femmes notamment ferait aujourd’hui l’objet de vives dénonciations ; Maxence Boudaud s’attaque de son côté aux routines que nous impose une « nouvelle » société d’un spectacle pour le moins aliénant ; idem pour le rapport de Marguerite Castel aux animaux qu’elle revêt au propre et au figuré d’une attention aussi déroutante que contemporaine. Rafaël Cuenca de son côté s’attache aux récits intimes où les fantômes de la culture et des rituels issus de la religion catholique transparaissent sous le voile d’un athéisme bon teint qui les recouvre. Cette volonté d’interroger le socle culturel qui imprègne nos sociétés, on la retrouve chez Mathilde Salic qui, par diverses techniques narratives, met en lumière le côté situé des différents points de vue qui animent les acteurs. L’aspect morcelé des sculptures de Thibault Casteigts où se mêlent des matières de diverses provenances telles que l’acier, la mousse, le ruban adhésif ou encore le tuffeau renvoie à une réelle désorientation face à une société qui cultive allègrement l’oxymore : ses titres comme Tinder Testimony ou Le fichier est illisible ainsi que l’emploi d’une couverture de survie amplifie ce sentiment. Morcellement encore dans les installations de Clément Fayette qui tente à travers ces dernières de rassembler des points de vue introuvables qu’il est de plus en plus nécessaire de situer, comme le manifeste le travail de Mathilde Salic. Quant aux peintures de Maëlle Ledauphin, elles font ressurgir la figure du vampire : faut-il y voir la métaphore d’une société où ces créatures terrorisaient les populations en investissant leurs imaginaires, une allusion à nos démocraties de plus en plus tentées par l’autoritarisme ?
Le problème à trois corps qui réunit les jeunes diplômé·es des écoles d’art de la région participe de la mission du centre d’art Zoo de permettre à de jeunes artistes de faire leurs premiers pas en tant qu’artistes. Cette exposition contribue à faciliter la professionnalisation et l’autonomisation de ces dernier·ères en leur donnant la possibilité de faire connaître leurs travaux à un public nantais, régional et national.