Table ronde « Peut-on encore habiter le paysage ? Le paysage comme support d’actions fantasmées ».
Dans le cadre de l'exposition CIMA CIMA de Kapwani Kiwanga
Dans le cadre de l'exposition personnelle de Kapwani Kiwanga, « Cima Cima », et dans l'attente de la réouverture des lieux culturels, le Centre d'art contemporain d'Ivry - le Crédac, organise une série de tables rondes d'avril à juin. Noémie Sauve, artiste et professeure à TALM-Le Mans, accompagnée de Anne Malleray, journaliste et rédactrice en chef Revue Billebaude ont été les invitées de la première table ronde : « Peut-on encore habiter le paysage ? Le paysage comme support d’actions fantasmées ».
Cette rencontre s'est déroulée autour d’une sélection de pièces de Noémie Sauve entre deux résidences, entre biodiversité marine et volcan, réflexions sur nos manières d'habiter les paysages et sur ce qui nous reste d'espaces physiques de liberté et d'invention possible contre une logique de façonnage et de maîtrise. Comment peut-on contribuer à créer des paysages vivables, faisant de la place aux autres vivants et par là aussi, à nous même ? Ces questions animent le travail de Noémie Sauve et les réflexions menées au fil des numéros de la Revue Billebaude.
Sur l’invitation de Kapwani Kiwanga, Noémie Sauve, artiste, soutien de l’association Clinamen et co-fondatrice du Fonds d’Art Contemporain Agricole de Clinamen (projet accompagnant les pratiques paysannes par la diffusion d’œuvres d’art), présente également trois dessins de la série motif vivant (2018–2020–2020) au crayon et contenant des graines paysannes de tomates.
L'expostion « Cima cima »
« Le titre de l’exposition fait référence aux « cimarrones » ou « marrons », termes d’origine arawak passés dans la langue espagnole pour désigner les personnes en condition d’esclavage, devenues fugitives dans les Amériques. Une fois émancipés, ces femmes et ces hommes devaient mettre en place des stratégies pour préserver leur liberté. Cela passait par l’établissement de villages précaires prêts à être abandonnés pour reprendre la route, par une agriculture exceptionnelle permettant leur survivance, et par l’apprivoisement de plantes ramenées de leurs terres natives pour être adaptées à un nouvel environnement.
L’exposition pose alors la question des gestes volontairement dissimulés permettant la survie, mettant en lumière l’histoire d’une résistance silencieuse, et la pratique d’une indocilité́ créatrice comme mode de vie, garante de liberté. C’est particulièrement la culture des plantes et leur place en tant que témoins de l’histoire humaine qui intéresse ici Kapwani Kiwanga, ainsi que leur fonction parfois ambivalente : la plante qui nourrit, la plante qui soigne, mais aussi la plante qui tue soit indirectement par son exploitation, soit par son utilisation en tant que poison. »
Cette exposition a été produite avec le soutien du Centre Culturel Canadien / Canadian Cultural Centre à Paris, et en partenariat avec le journal AOC.
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Noémie Sauve
La pratique artistique de Noémie Sauve explore diverses formes plastiques – sculpture, dessins, peinture –et son travail figuratif où territoires et formes animales sont des motifs récurrents – est centré sur les enjeux de liberté, de pouvoir et de domination. Toujours située sur des terrains d’enquête, elle mène des collaborations fréquentes avec des scientifiques, comme sur le voilier de recherche Tara, ou des agriculteurs, comme les Bergers urbains de l’association Clinamen en Ile de France. Dans ses œuvres – qui jouent sur des effets hypnotiques et de fascination liés aux fantasmes que nous projetons sur le monde naturel – l’artiste explore des manières renouvelées de restituer et traduire les enjeux politiques de nos relations aux autres vivants.